Comme prévu, la Ceni a réuni, hier à l’Hôtel Le Pavé Antaninarenina, à l’occasion du cadre de concertation multi-acteurs, les politiciens, les organisations de la société civile et les membres de la presse, tous concernés par le processus électoral.
A l’issue, force est de reconnaître que les participants ont été divisés entre le fait d’organiser les élections avec les lois électorales bancales, et le fait d’entamer la refondation étant synonyme d’ajournement des élections lesquelles – si l’on se réfère à la décision de la Haute Cour Constitutionnelle – doivent être anticipées et tenues durant la période sèche. Justement, par rapport à ce point, il est plus que loisible de rappeler que selon l’article 8 de la même décision (de sortie de crise) de la HCC, « le gouvernement de consensus mis en place arrête avec la Ceni, l’organisation d’une élection anticipée durant la saison sèche au cours de cette année 2018 mais sous réserve des possibilités, matérielles et financières réelles assurant des élections libres, honnêtes et transparentes ».
Conditions financières. Cette décision de la HCC a été soulevée par la Ceni, hier, lors de ce cadre de concertation multi-acteurs quand une question y afférente a été posée par l’ancien ministre en charge des Relations avec les Institutions, Yves Aimé Rakotoarison. « Il faut prendre en considération toutes les réserves que la HCC a mises en avant. L’une d’entre elles concerne la question financière. Donc, si toutes les conditions financières sont réunies, nous allons procéder à l’étude de faisabilité de l’élection présidentielle », a répondu le président de la Ceni, Hery Rakotomanana. Si on essaie d’interpréter ce qu’il a dit, tout porterait à croire que si les conditions financières ne sont pas réunies, il n’y aurait pas d’élection cette année.
La moitié. Mais justement, pour éviter des interprétations erronées, nous avons contacté le président de la Ceni, au téléphone, hier pour savoir le montant exact des fonds issus du projet Sacem (Soutien Au Cycle Electoral de Madagascar) et s’il permet d’organiser ou non la présidentielle. « En ce moment, je n’ai pas le montant exact sous mes yeux. Ce que je peux vous dire c’est qu’on a rassemblé la moitié et quelques. L’autre moitié reste à combler ». Rappelons que le montant total affecté au projet Sacem s’élève à 12 millions de dollars. Mais le processus électoral malagasy est également alimenté par une partie du budget de l’Etat. Aussi, est-il loisible de noter que l’Etat malgache affecte 40 milliards d’Ariary pour l’organisation des élections ?
Dépenses de trop. De tout ce qui précède, est-il possible d’organiser les élections à partir des fonds rassemblés ? « Il y a encore quelques soucis », répond Hery Rakotomanana. « D’abord, l’éclatement des bureaux de vote donne lieu à d’autres dépenses ». Effectivement, avec les nouvelles lois électorales, nous sommes passés de 20.000 à 26.000 bureaux de vote car elles (les nouvelles lois) imposent qu’un bureau de vote gère uniquement 700 électeurs. Mais ce n’est pas tout. « Ensuite, les restrictions de délais ont fait que les matériels ne seront plus concentrés au niveau de la capitale, mais répartis dans six ou sept points. Ce qui génère plus de dépenses », poursuit-il. D’une manière générale – et le président de la Ceni l’a affirmé – les lois électorales ont modifié les prévisions initiales de la Ceni. « Il faut que nous nous conformions à ce changement pour que nous soyons sereins dans la détermination du calendrier électoral », soutient-il.
Calendrier électoral. Dans cette optique, il est plus qu’impératif de mobiliser, et l’Etat, et les partenaires techniques à combler le montant manquant, dans la mesure où cela permet le bon déroulement des élections (du moins au niveau financier). « Justement, nous allons demander au comité de pilotage du projet Sacem, un rassemblement de la communauté internationale afin de nous concerter sur le déboursement du montant restant. Tout comme ce que nous allons entamer avec le gouvernement car il faut que toutes ces petites péripéties soient réglées pour se prononcer sur le calendrier électoral », conclut Hery Rakotomanana.
Aina Bovel