
Depuis plus d’une semaine, le délestage revient dans certains fokontany d’Ambohimanarina. Un phénomène beaucoup plus ciblé, plus sournois. Tandis que presque toute l’attention de Madagascar se tourne vers l’épidémie de COVID-19, la compagnie d’électricité et d’eau nationale, la Jirama, reprend les coupures de courant. « Cela commence vers 18 heures ou 19 heures, ensuite, le courant ne revient que vers 21 heures 30, voire plus tard. Cela a même déjà duré toute une nuit. Un véritable calvaire », relate Heritiana Ramamonjy, un habitant d’un des quartiers les plus touchés.
Le fokontany d’Antanjombe Ambany est le plus touché. « Le comble, c’est qu’ils ne coupent qu’une partie du quartier. Dès lors, nos voisins ne sont pas affectés, tandis que d’autres sont victimes avec nous. La dernière coupure a eu lieu dans la soirée du 19 mars, en plein dans l’allocution journalière du président de la République au sujet du coronavirus », s’insurge Aimée Andriatavison, une riveraine. La nuit, c’est pratiquement étonnant et quelque peu effrayant de voir un quartier habituellement illuminé et en plein centre – environ 80 toits – dans le noir complet. Ce délestage ciblé est apparemment devenu une habitude au sein de la Jirama à Ambohimanarina.
« Comme les usagers touchés par le phénomène sont éparpillés, il sera difficile pour eux de manifester leur mécontentement et faire pression collectivement. Tandis qu’à côté, leurs voisins jouissent de l’électricité pendant les coupures », se lamente Bernardin Bearisoa, un habitant d’un des fokontany touchés. Pour certaines familles, qui n’ont que la chaîne nationale pour s’informer, les déclarations quotidiennes d’Andry Rajoelina sur l’évolution du coronavirus à Madagascar ne doivent pas être manquées. Pourtant, l’électricité a l’air de ne pas être de cet avis.
Maminirina Rado