
Le délestage est au cœur des manifestations enclenchées le 25 septembre. Pour tenter d’éteindre l’incendie social, les autorités ont choisi de maintenir l’alimentation électrique sans coupures, mais cela n’a pas abouti aux effets escomptés.
Les plages de coupures programmées de quatre heures sont passées à deux, puis ont disparu, y compris la nuit. Or, en période d’étiage, selon nos sources, les centrales hydroélectriques d’Andekaleka, Mandraka, Antelomita et Farahantsana, combinées aux sites solaires d’Ambatolampy et d’Antsirabe, ne suffisent toujours pas à couvrir la demande de la capitale et de sa périphérie. La continuité du service repose donc sur les deux turbines à combustion (TAC) d’Ambohimanambola, appelées à tourner en permanence. Cette option entraîne un coût immédiat et cumulatif. Selon les présentations officielles de l’année dernière, leur fonctionnement exige plus de 15 000 litres de carburant par jour. Dans un contexte de prix internationaux volatils et de fragilité de l’ariary, chaque journée de « zéro délestage » alourdit la facture énergétique en devises et tend la balance des paiements. Politiquement, la mesure achète du temps ; financièrement, elle crée une ardoise qui grossit jour après jour.
À crédit
Le nœud est double. D’une part, la Jirama n’a pas la capacité de financer un tel volume de fuel : l’entreprise vend à perte et sa trésorerie reste contrainte. D’autre part, lorsque l’État prend le relais, la charge bascule vers des finances publiques déjà sous pression. Subventionner durablement la production thermique accroît les besoins de cash, multiplie les risques d’arriérés envers les fournisseurs, réduit l’espace budgétaire disponible pour les services essentiels et fragilise la discipline fiscale. À terme, l’addition pourrait se traduire par des arbitrages douloureux, une hausse de la dette, voire des tensions sur les prix administrés. Les économistes interrogés qualifient cette séquence de réponse d’urgence, mais non de stratégie. Tant que la contestation persiste, le pays s’expose à un cercle vicieux : plus de carburant pour apaiser la rue, plus de déficit pour payer le carburant, puis des coupes ailleurs ou un endettement accru. À court terme, une transparence totale s’impose sur le coût quotidien, ses modalités de financement et le calendrier de sortie. À moyen terme, seule une trajectoire crédible combinant diversification du mix, maîtrise de la demande, réduction des pertes techniques et redressement opérationnel de la Jirama permettra d’éviter que la paix sociale ne soit, in fine, achetée… à crédit.
Antsa R.
Et oui!! Il fallait pour ce régime prioriser l eau et l’électricité au lieu de dépenser sans compter sur les projets du Pdt Delestage sans vraies priorités pour la population
Même en comptant le litre de fuel à 1 €, cela ne représente pas grand chose : l’équivalent de 200 gr d’or au marché noir de Dubaï…