Olympienne ayant participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et de Rio de Janeiro en 2016, Eliane Saholinirina a depuis rangé ses crampons. Vivant actuellement à Paris, elle fera partie des volontaires aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. À quelques semaines de ce grand rendez-vous sportif de l’année, elle a accepté de partager son expérience, son parcours pour atteindre les minimas des Jeux olympiques, et surtout son après-carrière olympique. Interview.
Midi Madagasikara (MIDI) : Pourriez-vous nous parler un peu de vous ?
Eliane Saholinirina (E.S) : « Je suis Saholinirina Marie Eliane, olympienne, j’ai participé aux Jeux olympiques de Londres 2012 et de Rio de Janeiro 2016. Je détiens les records de Madagascar du 1500m et du 3000m steeple. »
MM. : Rares sont les athlètes olympiens à Madagascar. Comment en êtes-vous arrivée à ce stade ?
E.S : « Pour tout vous dire, se qualifier pour les Jeux olympiques n’est pas une mince affaire. J’ai dû faire beaucoup de sacrifices, m’entraîner intensément dans toutes les conditions possibles : pluie, froid et chaleur. Je tiens à remercier mon club, le Stade Sottevillais, pour son soutien précieux. Sans son aide, tant au niveau des équipements que des entraînements, je n’aurais pas pu réaliser les minimas, surtout pour les JO de Londres 2012. En 2016, j’ai bénéficié d’une bourse olympique du Comité Olympique Malgache, ce qui m’a permis de me préparer sereinement. Pour un athlète, il est très difficile de préparer une qualification olympique sans moyen financier, notamment pour participer à différents stages. »
MM. : Que signifie pour vous le fait d’être une olympienne ?
E.S : « C’est une immense fierté pour moi car j’ai surmonté de nombreuses difficultés. Ma participation est d’autant plus gratifiante que j’ai atteint les minimas nécessaires pour participer aux JO, et non pas grâce à une invitation ou une wild-card. Un de mes atouts a été de m’expatrier en France pour atteindre mes objectifs. Si j’étais restée à Madagascar, je n’aurais probablement jamais pu réaliser ces minimas. Je félicite les athlètes qui se sont qualifiés pour les JO tout en se préparant à Madagascar. »
MM. : À quelques semaines du début des JO, vous avez été retenue par le comité d’organisation de Paris 2024 parmi les volontaires. Pourquoi avez-vous décidé de devenir volontaire ?
E.S : « Je vis à Paris et je veux profiter des jeux. En tant qu’olympienne ayant vécu l’expérience des JO, j’ai décidé de me porter candidate pour devenir volontaire. Ma candidature a été retenue parmi des milliers de candidats, peut-être parce que je suis olympienne. L’esprit sportif est toujours en moi, et il est difficile d’éteindre la flamme de l’amour pour le sport, en particulier l’athlétisme. Je serai volontaire pour les compétitions d’athlétisme pendant les JO et pour le para-athlétisme lors des Jeux paralympiques. »
MM. : Un message à transmettre ?
E.S : « Devenir olympienne n’est pas une tâche facile. J’ai constaté que les performances des athlètes malgaches ont régressé ces derniers temps. Beaucoup préfèrent la facilité et ne veulent plus se sacrifier. Il est crucial de garder en tête que les athlètes de haut niveau ont fait de nombreux sacrifices. Aux fédérations, veillez sur vos athlètes, car les JO ne se préparent pas en une semaine ou en six mois. Je lance un appel au Comité Olympique pour qu’il soutienne les athlètes capables de se qualifier pour les Jeux olympiques, car ils représentent l’avenir du sport malgache. Enfin, je m’adresse à l’État : les athlètes ont besoin de soutien pendant leur préparation, pas seulement après avoir obtenu des résultats. Chacun doit prendre ses responsabilités pour que nous puissions obtenir des résultats sportifs. »
T.H