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Elisabeth, victime de la bombe du 25 janvier 2014 : Une nouvelle jambe pour une nouvelle vie

Son histoire a ému et révolté l’opinion publique malgache. Victime de la bombe artisanale qui a explosé à Anosy le 25 janvier 2014, elle a eu la jambe arrachée. Quelque temps après, sa mère décède, terrassée par le chagrin. Aujourd’hui, elle reprend goût à la vie. Prise en charge à l’Akanin’ny Marary à Ambositra, elle tient à nouveau debout et remarche. « Elle », c’est Elisabeth Rasoanandrasana.

25 janvier 2014. C’est l’investiture du nouveau président de la République au stade de Mahamasina. A quelques centaines de mètres du grand stade, du côté d’Anosy, Élisabeth Rasoanandrasana tient un petit commerce au bord de la rue. Elle ne le sait pas encore, mais sa vie allait basculer ce jour-là. Sur les coups de 19h, alors qu’elle allait rejoindre sa sœur pour ravitailler son commerce, une lumière vive l’aveugle, suivie d’une grande déflagration. Elle n’a pas le temps de s’en rendre compte, mais les personnes à côté d’elle constatent avec effroi que sa jambe gauche est complètement arrachée, propulsée à quelques mètres. A demi-consciente, Élisabeth entend quelqu’un hurler : « Au secours, elle est morte ! ». La suite, elle ne le sait plus. C’est le lendemain, à l’hôpital, qu’elle revient à elle et réalise tout. La bombe, la panique, l’hôpital, la perte de sa jambe. Sa mère, complètement anéantie en apprenant ce qui vient de lui arriver, décède quelques jours après.

CICR. S’ensuivent deux mois d’hospitalisation. Elisabeth se voit proposer une prothèse, mais ne parvient pas à la porter. C’est le soutien proposé par le CICR (Comité International de la Croix Rouge) qui va véritablement tout changer. Le CICR lui propose, en effet, un nouvel appareillage, mais pour pouvoir en bénéficier elle doit, partir à plus de 200km, à Ambositra, au centre « Akanin’ny Marary » Maharivo, soutenu par le Fonds spécial du CICR en faveur des handicapés (FSH). Elisabeth accepte sans hésiter. Sa sœur fait aussi partie du voyage. « J’ai besoin d’elle pour m’aider pour les petits gestes de la vie quotidienne que je ne peux plus accomplir. Peut-être qu’avec ma nouvelle prothèse, je pourrai redevenir indépendante », confie-t-elle. Elle projette déjà de reprendre son activité avant les fêtes de Noël et de fin d’année.

Travail d’équipe. Au centre Akanin’ny Marary, deux orthoprothésistes prennent en main la fabrication de la prothèse d’Élisabeth. Des liens se tissent entre elle et ces deux techniciens, Christian et Thierry. Vient alors le jour du premier essai. Il ne s’avère pas encore concluant. Une gêne au niveau de la cuisse ne met pas vraiment à l’aise la jeune femme. Solenne, une kinésithérapeute du FSH, de passage à l’Akanin’ny Marary, et Théo, le kinésithérapeute du centre, la prennent aussi sous leur aile. Ils l’accompagnent dans les exercices à faire pour que son poids soit bien réparti sur sa jambe et sa prothèse. C’est aussi le moment pour l’équipe de techniciens et de thérapeutes qui sont présents, d’identifier les détails à corriger pour le nouveau moulage et les resserrages. C’est ainsi que se manifeste l’approche multidisciplinaire préconisée par le CICR. « Pour qu’un patient réussisse à marcher avec sa prothèse, il faut que deux éléments soient réunis : la qualité de l’appareillage et les exercices de prise en charge », explique Solenne. Pendant ce temps, Élisabeth, bien que peu loquace, se donne à fond dans ses exercices. Comme pour signifier que sa nouvelle vie en dépendait.

Ballerines ! Solenne lui demande alors quelles chaussures elle compte porter avec sa prothèse. La question est essentielle car cela permet d’évaluer le talon et le degré de flexibilité de la prothèse. Elle répond sans hésiter : « Je préfère les chaussures à talons plats. Des tongs feront l’affaire durant la semaine. Mais le dimanche, pour la messe, je voudrais porter des ballerines noires ». Solenne, sans lui en touche mot, lui achètera plus tard une paire de ballerines !

La prothèse d’Elisabeth nécessite encore quelques modifications. Mais peu à peu, la nouvelle prothèse commence à prendre forme. Solenne, enthousiaste, lance : « Demain, elle marche » ! Elle ne croyait pas si bien dire…

Le lendemain, Elisabeth reprend ses exercices. Solenne continue de l’accompagner dans ses gestes : « J’appuie sur le talon, je mets du poids dessus et je pousse en arrière ». Petit à petit, la peur de tomber s’estompe. Élisabeth, sourire aux lèvres, a complètement adopté sa nouvelle prothèse. Elle réalise qu’elle peut esquisser quelques pas sans aucun appui. Un moment fort pour toute l’équipe. A commencer par Solenne qui voit déjà Elisabeth se tenir debout seule sur ses deux jambes. « Probablement d’ici à deux semaines », conclut-elle.

Hanitra R.

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