La vague de pillages et d’incendies dans la soirée du 25 septembre a frappé la capitale de plein fouet. Des centres commerciaux aux entreprises voisines, aucun secteur d’activité n’a été épargné par les pilleurs.
En quelques heures, les vitrines ont été brisées, les stocks emportés et les sites incendiés pour laisser un paysage de cendres et de rideaux métalliques baissés. Au Tana Waterfront, l’ampleur des dégâts est spectaculaire. Le showroom de Motostore s’est transformé en salle vide. L’enseigne a lancé un appel à la solidarité pour retrouver motos et scooters volés – une démarche qui a permis de récupérer quelques véhicules. Des bureaux ont été saccagés et le bureau d’Air Mauritius n’a pas été épargné. À La City Ivandry, le saccage a débuté dès le début de la soirée. Le groupe Inviso rapporte que plusieurs de ses entreprises sont sinistrées, fragilisant des années d’investissements et mettant en péril des emplois et des projets. Certaines entreprises locataires du centre sont obligées de basculer en urgence vers un télétravail de fortune, faute de bureaux et d’équipements.
Sans crainte. Le China Mall a été la scène de vols en plein jour, sous les yeux de commerçants impuissants, avant d’être incendié et réduit en cendres. Dans les rues, les traces du chaos étaient visibles : cartons neufs, machines à glace, coffres ouverts et meubles transportés à la hâte, tandis que les forces de l’ordre peinaient à répondre à la multiplication des cas. À Tanjombato, la tension est montée d’un cran malgré des tentatives d’intervention. Au-delà des galeries, l’onde de choc a touché des bureaux, hôtels et entreprises de services. L’enseigne IGP (International Gastronomie Pizza), symbole d’un succès entrepreneurial malgache parti de modestes débuts, figure parmi les cas qui ont le plus ému le public. À l’inverse, le Suprême Center à Behoririka a pu empêcher l’intrusion grâce à une protection organisée.
Effets boule de neige. Les PPN, les deux-roues motorisés, les meubles et les appareils électroniques/électroménagers ont constitué les cibles privilégiées par les pilleurs. Les conséquences économiques s’annoncent sévères. Plusieurs entreprises préviennent qu’elles ne pourront pas payer les salaires dans les prochains mois, certaines accumulant déjà des dettes à cause des approvisionnements à crédit. Des chômages techniques sont envisagés, avec un effet boule de neige sur les fournisseurs et sous-traitants. Hier, les sociétés sinistrées ont entamé nettoyage et inventaires. Les pertes, qui pourraient atteindre des centaines de milliards d’ariary, poussent les commerçants à fermer temporairement et à déplacer leurs marchandises vers des sites plus sûrs. Dans un contexte d’inquiétude, les acteurs économiques multiplient les appels à la solidarité et au soutien mutuel, alors que la capitale prend la mesure d’une crise qui dépasse les seuls centres commerciaux.
Antsa R.