La majorité de la production d’énergie de la Jirama est fournie par des opérateurs privés moyennant un prix plus élevé à raison de 1 000 Ariary/KWh en moyenne.
Cela fait des années que les groupes électrogènes appartenant à la Jirama n’ont pas été entretenus. Bon nombre de ces machines installées dans les sites de production éparpillés dans tout Madagascar ne fonctionnent plus. « Et au lieu de les réparer, les dirigeants ont préféré conclure des contrats de location de groupes électrogènes appartenant aux sociétés privées. En ce moment, 196 groupes fournissant des puissances électriques différentes sont loués par la Jirama, alors que le coût de cette location est nettement plus élevé que celui de la réparation. Raison de la mobilisation des syndicats de l’entreprise pour déposer des doléances auprès de la direction générale », a expliqué Oliva Andriamanalina, le Secrétaire général de l’Inter-syndical de la Jirama.
En stand-by. Si l’on se réfère aux groupes de la Jirama installés dans la centrale thermique d’Ambohimanambola, la direction générale a prévu de mettre en place vingt nouveaux groupes conteneurisés appartenant à la société Agrico et qui fournissent une puissance électrique totale de 20 Mégawatts via un contrat de gré à gré. Des techniciens ont été envoyés sur le lieu pour détruire une partie du bâtiment servant de bureau de la Jirama afin de les installer, mais les syndicats s’y opposaient à temps. Le projet est maintenant en stand-by. Il en est de même pour la réhabilitation des quatre groupes de la centrale de Mandroseza, alors que le ministre de l’Energie a promis qu’un fournisseur d’équipements et de pièces de rechange a été déjà contacté pour le faire. « Si l’Etat a encore les moyens financiers de louer les groupes des opérateurs privés, pourquoi ne pas utiliser ce fonds pour réhabiliter les groupes de la Jirama en panne ou bien ne pas acquérir de nouveaux groupes en faisant entre autres un paiement échelonné ? », se demandent les syndicalistes.
Déficit financier énorme. Par ailleurs, ils ne cessent de réclamer que les contrats de location de ces groupes appartenant aux opérateurs privés doivent être audités, mais aucune mesure n’a été encore prise jusqu’à maintenant. Il est anormal que la Jirama règle une facture de location mensuelle de ces groupes tout en mobilisant ses agents et en achetant des lubrifiants et des carburants pour les faire fonctionner, d’après toujours leurs explications. Ce n’est pas tout ! La Jirama achète la production d’énergie fournie par ces opérateurs privés avec un prix moyen de l’ordre de 1 000 Ariary/kWh alors que son prix de vente auprès des abonnés est en moyenne à 372 Ariary/KWh, voire 141 Ariary/KWh pour le tarif social. Cette vente à perte entraîne un déficit financier énorme pour la Jirama. Et encore, la facture à payer aux opérateurs fournisseurs reste inchangée même si la puissance fournie ne correspond pas à la puissance installée.
Signe de privatisation. Comme solution, les syndicalistes proposent de mobiliser les bailleurs de fonds afin de financer des projets de construction de centrales hydro-électriques pour la Jirama au lieu de privilégier les opérateurs privés à y investir dans le cadre de l’approche 3P. En effet, « la gestion de l’exploitation de ces centrales sur une longue période constitue un signe de privatisation de la société. En outre, ces opérateurs privés peuvent appliquer le tarif de l’électricité à leur manière, et ce, au détriment des usagers. Et n’y a-t-il pas une contradiction sur le langage des bailleurs de fonds ? Puisque d’un côté, ils s’opposent aux subventions de la Jirama par l’Etat et de l’autre, ils dénoncent que les investisseurs ne viennent pas à Madagascar en raison du coût élevé de l’énergie ? A qui profite ainsi la faillite de la Jirama », s’interroge Oliva Andriamanalina.
Navalona R.
