L’Assemblée nationale s’engage dans une séquence parlementaire à forts enjeux en annonçant la mise en place de plusieurs commissions d’enquête portant à la fois sur les grands projets miniers et sur la gestion de la compagnie nationale Air Madagascar. Ces dossiers sensibles seront inscrits à l’ordre du jour des travaux de commissions prévus le mercredi 17 décembre, avant d’être débattus en séance plénière le jeudi 18 décembre, dans un contexte institutionnel et économique particulièrement scruté. Des résolutions dans ce sens ont déjà été prises à Tsimbazaza. Le projet Ambatovy fait l’objet de la résolution 005-2025/PR, le projet QMM est visé par la résolution 003-2025/PR, tandis que le projet Base Toliara est concerné par la résolution 004-2025/PR.
Les investigations parlementaires concernent en priorité trois projets miniers majeurs, notamment le nickel et cobalt d’Ambatovy, les ilménites de QMM et les minerais stratégiques de Base Toliara. À travers ces initiatives, les députés entendent examiner des projets structurants pour l’économie nationale, a-t-on laissé entendre, mais également sources de controverses récurrentes, tant sur le plan des retombées économiques que sur celui de la gouvernance et de l’acceptabilité sociale. Le projet QMM s’annonce comme l’un des dossiers les plus sensibles. La révision des termes de son contrat a été effectuée sous le régime du président Andry Rajoelina, donnant lieu à de nouvelles résolutions conclues en 2024 entre la société QMM et l’État malgache. Ces accords, récemment entérinés, risquent désormais d’être minutieusement examinés par les députés.
Le projet Base Toliara, quant à lui, demeure un sujet hautement controversé. Porté par la société américaine Energy Fuels, il a, depuis son lancement, suscité une opposition persistante au sein d’une partie de la communauté locale à Toliara. Les inquiétudes d’une partie de la communauté portent notamment sur les impacts environnementaux et sociaux du projet. Fait notable, l’actuel président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, a figuré parmi les personnalités influentes qui se sont opposées à ce projet minier. Cette position antérieure confère une dimension politique supplémentaire aux débats parlementaires à venir, alors que l’Assemblée est appelée à examiner ce dossier dans un cadre institutionnel formel.
Révision
Ces enquêtes parlementaires interviennent par ailleurs dans une période charnière, marquée par la révision en cours de la Loi sur les grands projets miniers. Cette réforme législative est déjà entre les mains de l’Exécutif, ce qui place le pays dans une phase de redéfinition du cadre juridique régissant les investissements miniers de grande envergure. La concomitance entre la révision de cette loi stratégique et l’ouverture de commissions d’enquête parlementaires pourrait alimenter des débats nourris sur la répartition des rôles entre l’Exécutif et le Législatif, ainsi que sur la cohérence globale de la politique minière nationale.
En parallèle des dossiers miniers, l’Assemblée nationale prévoit également de se pencher sur la gestion de la compagnie Air Madagascar, à travers la résolution 002-2025/PR. La compagnie aérienne nationale, longtemps considérée comme un symbole du transport aérien malgache, a été confrontée à de graves difficultés de gestion pendant plusieurs années. Dépouillée de ses ressources et lourdement endettée, Air Madagascar a finalement vu ses activités prendre fin. La création de Madagascar Airlines et la reprise des opérations par cette nouvelle entité marquent un tournant majeur dans le secteur aérien, mais ne suppriment pas pour autant les interrogations sur les responsabilités liées à l’effondrement de l’ancienne compagnie.
Rija R.




Beaucoup de ceux initiateurs d’enquêtes parlementaires d’aujourd’hui ont réussi à mettre le grappin sur les postes convoités. Le moment n’est-il pas venu pour ceux-là de mettre en programme leurs idées toutes faites et arrêtées ?