
Les enseignants en grève ont eu la surprise de trouver, hier, sur leur site habituel, des éléments des forces de l’ordre ayant pour mission de les empêcher de pénétrer dans l’enceinte du ministère de l’Education nationale, lieu où ils tiennent quotidiennement leur sit-in.
Les enseignants ne sont pas près de voir une issue favorable à leur mouvement. Les manifestations qu’ils tiennent quotidiennement depuis des semaines dans la cour du ministère de l’Education nationale (MEN) à Ampefiloha, n’ont pas pu se tenir, hier. Les éléments des forces de l’ordre ont reçu l’ordre de disperser les grévistes. C’était chose faite à coups de bombes lacrymogènes lancés vers des manifestants… qui le leur rendaient bien, car les bombes lancées par les hommes en treillis ont été aussitôt « retournées à l’envoyeur », avec les effets du gaz lacrymogène !
Point de non retour. L’ouverture des hostilités a eu lieu quand les grévistes, voulant pénétrer dans l’enceinte du MEN, ont trouvé portes closes et ont cherché à faire céder le portail métallique extérieur. Les jets de bombes lacrymogènes ont fini par disperser les grévistes, fortement remontés face à cette tournure des événements. « Ce n’est pas ainsi que l’on trouvera une solution à ce problème des enseignants. Maintenant, les autorités ministérielles vont devoir se passer de nous pour les examens et tout le reste. Cet usage de la force est pour nous le point de non retour », s’indignent les grévistes en s’éloignant pour fuir les effets du gaz lacrymogène. Cette intervention des forces de l’ordre résulte des agissements des enseignants grévistes, eux-mêmes, que le ministre de l’Education nationale qualifie d’inacceptables. « Les enseignants n’ont pas tenu parole. Il a été convenu qu’aucune déclaration ne serait faite aux médias durant les négociations, mais ils n’ont pas respecté cet accord. De plus, j’ai été victime de comportements indignes : j’ai été empêché de quitter l’enceinte du ministère, mon véhicule a été bloqué par les manifestants, j’ai même été victime de propos injurieux. Choses que je ne peux tolérer. C’est ce qui explique ma démarche de faire appel aux forces de l’ordre pour les empêcher de pénétrer dans la cour du ministère », a-t-il affirmé, hier.
Echelonnement. Les enseignants grévistes accusent le ministre de l’Education nationale, Horace Gatien, de désinformation en livrant des informations « non conformes à la réalité » (sic), comme la signature d’un accord stipulant l’échelonnement du paiement des indemnités jusqu’en 2020. « Nous n’avons en aucun cas signé un tel document, alors que les informations véhiculées dans les médias font état d’un échelonnement, chose que nous réfutons totalement. Les propositions qui nous ont été faites ne représentent que 5% de nos revendications », expliquent quelques représentants du collectif des syndicats des enseignants, qui s’estiment « trahis par les représentants du MEN ». Désormais ils se retirent de la table des négociations et réclament la présence des ministres concernés par les revendications des enseignants, à savoir le ministre de l’Education nationale, Horace Gatien, et la ministre des Finances et du Budget, Vonintsalama Andriambololona, à toute nouvelle séance de négociations.
Examens maintenus. De son côté, le ministre de l’Education nationale assure que les examens auront bel et bien lieu aux dates prévues. Actuellement, 16% des EPP, 20% des CEG et 30% des lycées dans tout le pays, sont fermés, a-t-il été précisé. Ainsi, pour le MEN, les manifestations des enseignants ne constituent pas un obstacle à la tenue des examens officiels. Le ministère envisage de se passer des services des fonctionnaires de l’éducation nationale en charge de l’organisation et de la tenue des examens, qui refusent d’effectuer le travail. « Il y a des méthodes de travail déjà établies à propos des examens. La mise en place de deux équipes pour effectuer le travail en fait partie. Si l’équipe A est défaillante, l’équipe B prendra le relais », a déclaré le ministre Horace Gatien. Et de rappeler que le CEPE se tiendra bien le 14 août 2018. La quarantaine des équipes en charge des sujets a déjà commencé, assure-t-il. Pour le BEPC, l’on en est actuellement à l’étape du choix définitif des sujets d’examen. Cet examen se tiendra dans deux mois. Mais pour le moment, c’est un bras de fer interminable entre les enseignants et le MEN qui se poursuit. Les grévistes promettent d’intensifier le mouvement.
Hanitra R.