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lundi, juillet 7, 2025
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Enseignement supérieur et recherche scientifique : Plein feu sur une réforme tant attendue

La première COPRIES élargie dirigée par la ministre de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique s’est déroulée le 2 août 2019 dernier.

Véritable levier de développement, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique peinent à trouver leur vraie place à Madagascar. Si les étudiants vivent dans des conditions inhumaines dans les campus universitaires, avec un manque cruel d’établissements d’enseignements supérieurs aptes à absorber les nouveaux bacheliers, les enseignants chercheurs et chercheurs enseignants sont plus connus à Madagascar pour leurs grèves incessantes et les diverses revendications syndicales. Les produits de recherche de ceux-ci quant à eux profitent plus aux étrangers que pour le pays. Changer la donne serait donc un défi majeur pour le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Défi qui ne pourrait toutefois se faire sans une compréhension, une acceptation et une appropriation des activités et actions devant être initiées dans l’atteinte des objectifs fixés.

Nous avons une opportunité pour initier le changement”. Propos du Pr Blanche Nirina Richard, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique lors d’une interview effectuée dans son bureau à Fiadanana. Propos qui donnent un aperçu des changements devant être lancés au niveau du département ministériel dans les prochaines années. Ainsi “ tout ce que le ministère entreprend de faire actuellement devrait donc correspondre au nouveau plan quadriennal 2020-2024. Le Pr Blanche Nirina Richard d’expliquer “le ministère de tutelle s’est fixé des objectifs en conformité à la Politique Générale de l’Etat qui, elle s’est déclinée en Plan Emergence de Madagascar. Et dont les trois principaux axes sont : un enseignement supérieur de qualité pour tous, la recherche et l’innovation au service du développement de Madagascar et enfin l’e-gouvernance”.

Un bloc universitaire qui a pris feu au campus universitaire d’Ambondrona Majunga.

Ouverture. Face à de tels défis, la nouvelle équipe dirigeante a opté pour le dialogue, les échanges et les partages avec les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Une première COPRIES ou Conférence des Présidents et des recteurs d’institutions de l’enseignement supérieur, s’est tenue à Fiadanana le 2 août 2019 dernier. Une opportunité pour la ministre de donner les consignes gouvernementales en matière de gestion financière – la nécessité pour toutes les universités et instituts d’enseignements supérieurs publics , d’effectuer des audits et états des lieux – mais également d’évaluer avec les présidents des universités et des recteurs des instituts d’enseignements supérieurs publics les objectifs fixés par le gouvernement. L’accent sur l’homogénéisation des calendriers d’enseignements supérieurs pour une meilleure qualité de l’enseignement supérieur a animé la première COPRIES. Interrogée sur la question, la ministre Blanche Nirina Richard de noter “l’ancienne pratique était tout sauf productive. Le fait que les calendriers universitaires ne soient pas homogènes a rendu difficile la gestion financière. Ce qui a provoqué quelques soucis au niveau de l’administration du ministère, des universités mais également des établissements d’enseignements supérieurs”. En effet, la différence de calendrier universitaire était l’une des premières causes des manifestations de revendications estudiantines à Madagascar. Suivant l’ancienne pratique, certains étudiants recevaient leurs bourses d’études avant les autres. Ce qui causait une certaine frustration auprès de ces derniers. La suite logique étant les manifestations estudiantines plus connues par la “grève”. La nouvelle disposition consiste donc en un calendrier universitaire unique pour toutes les universités du pays. Devant être appliqué à partir de la nouvelle année universitaire 2020, le calendrier va débuter au mois de mars pour se terminer le mois de décembre de la même année. Par ailleurs, une autre COPRIES élargie a également été organisée dans les locaux du ministère de tutelle à Fiadanana le 3 septembre 2019.  Dirigée par le Pr Blanche Nirina Richard, la réunion a vu la participation des présidents des universités, des recteurs des instituts supérieurs sous la tutelle du ministère, des doyens des facultés et des chefs de départements. Ouverture toujours, il conviendrait de noter qu’une rencontre entre le ministre de tutelle et les membres du SECES Tana a été organisée à Fiadanana le 3 août dernier. Une opportunité pour les deux parties d’affirmer leur volonté de “se tendre les mains et de collaborer afin de faire avancer les choses”.

La réunion entre la ministre Blanche Nirina Richard et les membres du SECES Tana.

De la qualité. Divers travaux attendent le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dans sa quête de l’enseignement supérieur de qualité pour tous. Outre la construction de nouvelles infrastructures, dont la construction des campus universitaires régionaux – dont la pose de la première pierre devrait bientôt se faire dans la ville de Morondava – le ministère devrait se pencher à la réhabilitation des campus universitaires existants. “Outre les avantages liées à la gestion financière aussi bien des établissements universitaires que du ministère au niveau central, l’initiative d’uniformisation des calendriers universitaires a également pour objectif de permettre à l’Etat de procéder à la réhabilitation des cités universitaires. Nous sommes conscients des conditions de vie des étudiants dans nos campus universitaires. Et il est clair que nous ne pouvons prétendre avoir un enseignement supérieur de qualité sans prendre en compte l’environnement pédagogique, le confort quotidien et le milieu dans lequel vit nos étudiants”. Le cas de la cité universitaire d’Ambondrona Majunga est un exemple type de la mauvaise condition de vie des universitaires malgaches. Cité dans un état de délabrement, surpopulation (certaines pièces peuvent hébergées une quinzaine d’étudiants) ou encore insalubrité, font le quotidien des étudiants de Majunga. Pour ce faire, les étudiants devraient donc quitter les lieux une fois l’année universitaire terminée. Ce qui impliquerait la fermeture des campus universitaires durant la période des vacances. Une pratique effectuée auprès de l’Ecole Supérieur Polytechnique d’Antananarivo ou encore auprès de l’université de Barikadimy de Toamasina. Et qui devrait être étendue dans les autres campus universitaires de Madagascar pour l’intérêt des universitaires malgaches.

Si la suspension des soutenances de thèse de doctorat est levée grâce à un consensus entre les directeurs des 30 écoles doctorales de Madagascar, des représentants des présidents des universités et du ministre de tutelle sur la nécessité de “ conformer le processus d’obtention du diplôme de doctorat aux lois et règlements en vigueur”, la suspension est encore maintenue pour les thèses de HDR ou Habilité à Diriger des Recherches. Pour ce qu’il en est des soutenances de doctorat, les modalités d’inscriptions, les modalités relatives à l’encadrement ou encore le respect de la durée de trois ans pour la conduite des recherches, ont été révisés. Ce, pour une meilleure qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à Madagascar.

La cité universitaire d’Ankatso qui attend, elle aussi, la réhabilitation et la rénovation.

Ressources humaines. L’un des plus grands chantiers qui se dressent devant le ministère de tutelle est également l’assainissement de l’administration. Une expression qui fâche et qui provoque de vives réactions chez les intellectuels de l’enseignement supérieur. Les récentes manifestations des membres du SECES (Syndicat des enseignants chercheurs et chercheurs enseignants de l’enseignement supérieur), branche Tana et Fianarantsoa, démontrent les hostilités face aux nouvelles dispositions, à la nécessité d’appliquer la loi et les règlements. Il conviendrait toutefois de préciser la portée gouvernementale de l’initiative. Ainsi, la procédure de sortie en mission à l’étranger, l’utilisation du logiciel Augure pour la gouvernance du personnel du ministère ou encore les mesures de gestion financière des établissements d’enseignement supérieurs publics font partie des points forts de ladite initiative. “Comme tous les autres ministères, le MESUPRES devrait également se plier à la mesure d’assainissement de l’administration dont le leitmotive est  la lutte contre les fonctionnaires fantômes”.

Les actions à entreprendre sont déjà ciblées et la volonté est plus que présente chez l’équipe dirigeante du ministère de tutelle. L’ambition de donner leurs places aux chercheurs malgaches ainsi qu’à leurs produits de recherches, en est une parfaite manifestation. Les quatre prochaines années devraient donc voir une succession de réalisations et de renouveau au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Une façon pour le ministère d’inclure le secteur dans le processus de développement du pays.

Dossier réalisé par José Belalahy

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