L’effectivité des mesures sanitaires dictées par la pandémie de Covid-19 est révélatrice de l’état des relations entre gouvernants et gouvernés, à un moment crucial où le pays a justement besoin de compréhension et de solidarité.
Entre le pays réel et le pays légal
L’état d’urgence sanitaire accentue la déconnexion entre le pays réel, empêtré dans les réalités de la vie, et le pays légal représenté par les institutions républicaines. Le respect ou non des mesures barrières illustre cette dichotomie maurrassienne, par référence à l’écrivain Charles Maurras qui a théorisé le déphasage entre le pays réel et le pays légal. Le premier, littéralement à bout de souffle, attend une bouffée d’oxygène de la part du second qu’il considère plus comme un Etat providence qu’un Etat gendarme face à la crise sanitaire avec tous ses variants sur le plan économique et social. La grande partie de la population qui vit ou survit grâce au secteur informel, a du mal à s’adapter aux mesures restrictives décrétées par les pouvoirs publics qui impactent sur leurs activités et leurs emplois occasionnels. Entre succomber au coronavirus demain et mourir de faim aujourd’hui, certains ont vite fait le choix. Ils préfèrent braver le confinement total, samedi et dimanche, plutôt que de rester cloîtrés tout le week-end dans leur promiscuité où la distanciation physique et les gestes barrières sont de vains… maux. Qui plus est, les mesures d’accompagnement tardent à venir. Les couches sociales les plus défavorisées sont en attente de la deuxième… vague de « Tosika Fameno » et autre « Vatsy Tsinjo ». Même ceux qui sont dans le secteur formel comme les enseignants du Privé hors classes d’examen sont en vacances forcées et non payées, les parents d’élèves ne pouvant ou ne voulant tous, régler les écolages. Leur seul espoir repose sur les subventions de l’Etat qui donne l’impression d’être déconnecté par rapport aux réalités actuelles. Le pouvoir est « low bat », dépourvu de chargeur pour rétablir le réseau, c’est-à-dire le dialogue et surtout la confiance, entre le pays réel et le pays légal en cette période mortifère.
R.O