D’après les recherches effectuées par les érudits malgaches, Madagascar était un pays verdoyant, une « île heureuse» hébergeant de magnifiques animaux. Au XXIème siècle, l’histoire devient un mythe. Le paradis s’est transformé en enfer à cause du réchauffement climatique. Les forêts sacrées se situent souvent loin du village. Mais, la mégalopole sauvage absorbe la photosynthèse, éparpille les sacs en plastique qui étouffent les espèces endémiques. Les anthropologues de la nature expliquent que les arrières grand-parents y viennent pour méditer lorsqu’ils sont face à un grand problème. Des rituels y sont pratiqués, c’est un moyen de se connecter avec les razana. Quant aux historiens, ils avancent que les autochtones fuyaient dans les bois pour éviter la répression coloniale. Donc, depuis des siècles, la forêt était un abri sûr. En effet, la protection de l’environnement date bien d’avant les créations d´ONG protectrices de la nature. Les souverains qui se sont succédés sanctionnaient déjà les pyromanes et les dévastateurs. De cette époque vient la citation d’un grand souverain, « celui qui brûle la forêt, réduit en cendre sa patrie ». En effet, les forêts sont les lieux de refuge des aïeux, ils y entendent des voix à travers le craquement des branches coupées par le vent, des feuilles sèches qui tombent, les lémuriens qui sautent d’un arbre à l’autre. Bien entendu, «la mère nature» est un lieu de pèlerinage. Chaque année les malgaches s’y rendent, versent du miel, de l’alcool, sacrifient des zébus. Actuellement, cette culture revêt un autre visage. Certes, la pratique qui connaît une évolution ne ressemble plus à celle des ascendants. En conséquence de la succession des périodes, la base s’est constamment effritée. Dès lors, les traditionalistes s’inquiètent, « il est vrai que le temps évolue, mais la coutume doit être respectée ». Le calme n’y est plus, la nouvelle génération ne ressent guère cette ambiance forestière. La symbiose entre la faune et de la flore se défait au profit des vacarmes des zones semi-rurales, les fumées du «tavy», ainsi que les traces des roues de 4×4.
Iss Heridiny
Certainement pas la faute du réchauffement climatique sur les 200 dernières années… Aujourd’hui, sans doute, mais seulement aujourd’hui. Et la destruction de la nature est préalable à sa protection. Inexorablement.