
A Madagascar, le marché du carbone constitue un secteur relativement récent, mais représente malgré tout un secteur à fort potentiel. La preuve, en 2023, le pays a perçu, pour la première fois de son histoire, 8,8 millions de dollars en crédits carbone de la Banque mondiale, à travers le programme Réduction des émissions de carbone dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts. (REDD+)
Il s’agit, en effet, d’un programme qui promeut à la fois la réduction des émissions provenant de la dégradation des forêts, la gestion durable des forêts, la conservation et l’amélioration des stocks de carbone forestier.
Autres acteurs
L’objectif étant, entre autres, de préserver les forêts qui jouent un rôle crucial dans l’élimination du CO2 de l’atmosphère en le stockant dans la biomasse et les sols. Compte tenu justement de l’importance de cette activité, l’Etat malgache a décidé de mettre à jour la réglementation relative à la régulation de l’accès au marché du carbone forestier, jusqu’ici encadrée par le Décret n°2021-1113. La réforme se situe notamment au niveau du droit de générer les REs (réductions d’émissions) certifiées. En effet, si ce droit a relevé jusqu’ici du domaine exclusif de l’Etat, le seul habilité à gérer, à commercialiser et à transférer le titre des REs certifiées, le nouveau décret n° 2025-626 relatif à la régulation de l’accès au marché du carbone forestier clarifie et consacre le rôle d’autres acteurs. Ainsi, ce nouveau texte octroie des droits de générer des réductions d’émissions à toute personne physique ou morale, publique ou privée, nationale ou étrangère. Ces entités participent désormais aux activités de réduction de la déforestation et de la dégradation forestière ; de conservation des forêts ; de gestion durable des forêts ; d’augmentation des stocks de carbone forestier, y compris à travers la restauration des paysages forestiers et des zones dégradées ; de boisement et de reboisement et enfin d’agroforesterie.
Acteur majeur
Le nouveau décret définit les territoires d’intervention de ces entités. Ils ont le droit d’opérer au niveau des quatre écorégions de formation forestière à Madagascar. A savoir les forêts humides, sèches, épineuses et les mangroves. Les mangroves qui, justement, sont au cœur du métier de Bôndy, l’initiateur du projet Ma Honkô, et qui donne à cette entreprise le statut d’acteur majeur de la conservation des mangroves. En tout cas, Bôndy a déjà fait ses preuves en réalisant la prouesse de restaurer plus de 1 600 Ha de mangroves depuis sa mise en œuvre en 2023. Une activité d’une importance particulière au vu de l’énorme potentialité de la Grande Île qui a, à son actif, 2% des mangroves au niveau mondial et 15% au niveau africain. Des mangroves dont la capacité de séquestration de carbone est 3 à 10 fois supérieure à celle des forêts terrestres. « Il s’agit d’un écosystème où l’eau est toujours présente, et où la croissance des plantes est donc continue, de même que la séquestration », explique Lalao Aigrette, directrice du département Economie bleue au sein de Bôndy. Notons que dans le cadre de Ma Honkô, l’entreprise concentre ses opérations dans les zones Nord et Nord-Ouest du pays. Plus exactement dans les régions Sava, Diana, Melaky, Boeny et Sofia où se concentrent 98% des mangroves de la Grande île. Les interventions sont réalisées dans les règles de l’art puisque le projet Ma Honkô s’est vu délivrer en juin dernier son permis environnemental sur ces cinq régions. Un projet qui opère dans le respect des normes environnementales en vigueur et du cahier des charges environnemental et social, en somme.
R.Edmond