
95% des espèces de lémuriens, soit plus de 9 espèces sur dix, sont sur le point de disparaître définitivement, plaçant ces primates au premier rang des espèces animales les plus menacées à Madagascar, et au premier rang des primates les plus menacés au monde.
105 sur les 114 espèces et sous-espèces de lémuriens connues sont menacées d’extinction avec, en tête, les lépilémurs septentrionaux (Lepilemur septentrionalis), l’espèce la plus menacée de toutes, dans le pays. Cette espèce de lémuriens figure parmi les 25 espèces de primates les plus menacées au monde.
La liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) qui répertorie chaque année les espèces « vulnérables », « en danger » et « en danger critique », place 38 espèces de lémuriens dans la catégorie des espèces « en danger critique » selon son rapport de 2018, soit 14 espèces de plus, venues rejoindre cette catégorie par rapport à 2012. Par ailleurs, 23 autres espèces de lémuriens sont classées dans la catégorie « vulnérable ». Les lémuriens, endémiques de Madagascar, sont ainsi plus que jamais sur la – bonne – voie de l’extinction.
Top 5. Outre les lémuriens, d’autres espèces suivent la même tendance et sont menacées d’extinction, dont les tortues, terrestres ou marines, mais également le « fosa » (Cryptoprocta ferox) classé « vulnérable » par l’UICN depuis 2008, ainsi que le pygargue de Madagascar (Haliaeetus vociferoides) – une espèce de rapaces diurnes – classée « en danger critique d’extinction », pour ne citer que cela.
Une situation qui fait transparaître la menace réelle sur la biodiversité de la Grande île. Madagascar figure déjà depuis quelques années dans le top 5 des pays les plus concernés par les espèces en voie d’extinction. Si les Etats-Unis occupent la première place avec 213 espèces en danger critique et plus de 1.000 espèces animales menacées, le Mexique est en deuxième position avec 193 espèces en danger critique. S’agissant uniquement de mammifères, c’est l’Indonésie qui vient en seconde position. A la troisième place des pays ayant des espèces en danger critique figure la Tanzanie (114 espèces) et à la quatrième place, l’Australie avec 97 espèces en danger critique ; et Madagascar en cinquième position avec 96 espèces dans la même situation.
Première espèce éteinte de la décennie. En matière de conservation, de nombreuses espèces disparaissent chaque année de la surface de la planète. En ce début d’année 2020, la première espèce déclarée officiellement éteinte de la décennie est l’espadon chinois (Psephurus gladius), une espèce de poisson d’eau douce, endémique du Yang-Tsé-Kiang, le plus long fleuve d’Asie. Cette espèce, caractérisée par son très long museau pointu, et pouvant mesurer jusqu’à 7m de long, a déjà été classée dans la catégorie en danger critique d’extinction par l’UICN depuis 1996. Observée pour la dernière fois en 2003, cette espèce millénaire a fait l’objet d’une étude par des scientifiques, qui situent le moment de l’extinction entre 2005 et 2010. Cette espèce était déjà considérée comme fonctionnellement éteinte (dans l’impossibilité de se reproduire) dès le milieu des années 1990.
Hanitra R.