L’Ethiopie semble se diriger vers une crise sur fond d’ethnicité, dont l’actuel chef d’état-major de l’armée, Birhanu Jula, cristallise toute la frustration ambiante. Le souci avec lui est qu’il est de la tribu Oromo, que bon nombre de recherches scientifiques supposent être des migrants venus de Madagascar. Une migration bien avant l’arrivée de la dynastie qui a régné sur ce pays, l’Abyssinie, elle a vu se succéder les Menelik II, Hailé Sélassié, le messie des rastas… Cette dynastie, d’origine sémitique, a étendu ses armes sur les Oromos, un peuple vieux de plusieurs millénaires. Comme toute colonisation, les valeurs de lumière sur des indigènes sauvages et non-civilisés en étaient le ferment. D’autres recherches contredisent pourtant celle galvaudée par les « colons ». Pour l’élite Oromo, la version selon laquelle leur peuple vient de Madagascar est erronée parce qu’issue des érudits et de la puissante église orthodoxe « habasha ». Des entités, associées au peuple « colonisateur ». D’autant que l’establishment abyssin et le clergé, prêtres et compagnie, se sont entachés à dénigrer les Oromos par le biais du discours politique de l’arrivée tardive. L’un des points communs de ce peuple millénaire avec les Malgaches est l’érection d’obélisques. Aujourd’hui, ils forment la tribu la plus dominante en terme démographique en Éthiopie. Ses ramifications ethniques atteignent d’autres pays voisins. Depuis des décennies, et parfois attisées par les Européens, les dissensions ethniques en Éthiopie couvent des crises en sourdine. De temps en temps, aboutissent à des violences meurtrières mais sporadiques.
Maminirina Rado
