Après le répit des festivités de la fête de l’Indépendance, les activités reprennent cette semaine sur les chapeaux de roue. Les compagnies pétrolières sont les premières à réveiller le public avec l’augmentation des prix des carburants. Le pétrole lampant affiche 100 Ariary de plus, l’essence 150 Ariary et le gas oil 200 Ariary. Les effets de cette hausse qui prend de court les usagers ne se feront pas attendre sur d’autres produits et sur le budget de chaque ménage. Dure réalité! L’économie est toujours en phase de redémarrage. En haut lieu, on vante les forces du plan national de développement qui devrait entrer en vigueur avec le soutien des bailleurs de fonds. Mais les foyers de tension demeurent et font craindre l’avenir. Air Madagascar n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. La compagnie nationale risque de se retrouver bientôt en cessation de paiement si elle ne l’est pas déjà avec les remboursements en chaîne des clients dont elle doit s’acquitter. Aux domaines, la grève continue aussi. Les négociations traînent et ne satisfont pas encore au point de s’enliser davantage au détriment du public.
Etroite marge de manœuvre
Au niveau politique, la marge de manœuvre est étroite. Le président de la République veut la stabilité et l’apaisement. Il n’envisage ni dissolution de l’Assemblée nationale ni changement de gouvernement. Mais les conflits qui enveniment la situation demeurent. Beaucoup de députés n’ont pas répondu aux invitations officielles de la présidence pour le défilé à Mahamasina et le banquet au palais d’Iavoloha qui l’a suivi. La détente ne semble guère au rendez-vous malgré le rapprochement visible entre les leaders d’institutions. Des observateurs qualifient le jeu politique actuel d’hypocrite comme dans un jeu de dupes. Les solutions politiques décidées ne sont que des palliatifs et des petits compromis qui ne correspondent pas à la dimension des problèmes. La méfiance touche les institutions au point de rendre difficiles et complexes les relations entre les partis politiques et les politiciens en leur sein. L’Alliance d’Ambodivona a son point de vue sur le pacte de responsabilité proposé par la Haute Cour Constitutionnelle pour garantir la stabilité indispensable au développement. Mais les intérêts se rejoignent -ils ? Le président de la République a besoin d’une majorité politique à l’Assemblée nationale pour soutenir sa politique de développement. En mettant l’accent sur le patriotisme, le sens de l’intérêt général et l’intérêt supérieur de la nation, c’est certainement dans cette optique qu’il entrevoit le pacte de responsabilité. Mais dans la réalité, y aura-t-il de grands changements et des réformes qui répondront à l’attente de la population ? Ne serait-on pas tout simplement en train de vouloir un « pacte de non- agression» pour mieux se tourner les pouces en attendant les échéances électorales futures.
Zo Rakotoseheno