
Les divergences d’appréciation des acteurs politiques consultés par Joaquim Chissano sont révélatrices d’une situation confuse et moribonde à Madagascar.
La mission d’évaluation post-électorale de la SADC menée depuis dimanche par Joaquim Chissano arrive à son terme aujourd’hui. Sauf changement, l’ancien président mozambicain rentre chez lui cet après-midi. Mais avant son départ, une conférence de presse est prévue ce matin. Durant ce séjour qui lui a permis de consulter les différents acteurs de la vie politique nationale, en particulier, ceux qui étaient impliqués dans le processus de sortie de crise de 2009, Joaquim Chissano a recueilli des divergences d’appréciation de la situation. Le président de la République Hery Rajaonarimampianina et les autres chefs d’institution dont le président du Sénat Honoré Rakotomanana et celui de l’Assemblée nationale Jean Max Rakotomamonjy, ont affiché leur satisfaction. Tandis que les deux principaux protagonistes de la crise, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina n’ont pas caché leur frustration sur certains aspects de l’évolution de la situation post-électorale. Marc Ravalomanana a dénoncé des blocages à une véritable réconciliation, loin de toute hypocrisie. Hier, le député Christine Razanamahasoa qui a rencontré le médiateur de la SADC au nom d’Andry Rajoelina (absent du pays), était revenu notamment sur la non application de l’article 54 de la Constitution. La ministre de la Justice de la transition a rappelé que le premier ministre présenté à l’époque par le Mapar qui, selon elle, est le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale n’a pas été nommé par le président de la République.
Témoin oculaire. Malgré ces divergences d’appréciation, Joaquim Chissano qui insiste à chaque rencontre l’importance de la réconciliation et de la stabilité politique, est témoin oculaire de la situation qui prévaut dans le pays. L’émissaire de la SADC est bien au courant d’une manifestation de rue organisée ce jour par l’AFP (Antso ho Fanavotam-Pirenena). Une manifestation à hauts risques selon les observateurs. Joaquim Chissano prendra-t-il en considération cette donne dans sa conclusion et son rapport à présenter aux chefs d’Etat de la SADC ? En tout cas, malgré les mauvaises impressions qu’il aurait après ses rencontres avec les « opposants » au régime, le médiateur en chef de la SADC ne perd pas espoir. Il n’a pas caché hier son optimisme après son entretien avec le pasteur Ramino Paul du FFM (Filan-kevitry ny Fampihavanana Malagasy). Joaquim Chissano a appris à l’issue de la rencontre que la nouvelle structure qui devra poursuivre la mission du FFM attend la décision du Parlement. A noter que le projet de loi sur le CFM (Comité pour le Fampihavanana Malagasy) est en instance au niveau du Parlement. Le quota présidentiel dans la composition de cette nouvelle structure suscite des débats au niveau des députés et des sénateurs.
R.Eugène