Dimanche 23 août dernier, une mutinerie suivie d’une évasion massive s’est produite dans la maison d’arrêt de Farafangana. Parmi les 357 prisonniers, 88 se sont évadés et 20 ont été tués par les agents pénitentiaires. Il en reste 16 qui sont activement recherchés. Le point avec le procureur de la République.
« Une évasion massive liée à la frustration des détenus », dixit Ramilijaona Aimé Marius
Midi : Qu’est-ce qui a été à l’origine de cette évasion massive ?
Ramilijaona Aimé Marius (RAM) : De nombreuses circonstances ont poussé les détenus à s’évader, mais ce sont surtout les mesures sanitaires prises pendant la pandémie à Madagascar qui ont psychologiquement affecté les détenus. La situation était difficile et les règles plus strictes que d’habitude afin de protéger les détenus des contaminations extérieures. Notamment, l’interdiction de visite des familles. Ensuite, la surpopulation carcérale fait partie de ce problème, certains sont détenus plus longtemps en prison sans avoir été jugés, d’où la frustration des détenus. Il y a aussi le non-retour des demandes de liberté provisoire déposées par certains. A noter que, les 16 détenus en fuite sont tous identifiés : on connaît leur nom et leur adresse mais la capture est encore difficile car la plupart ont quitté la ville.
Midi : Quelles mesures avez-vous prises face à cela ?
(RAM) : Le ministère de la Justice prend les mesures nécessaires face à cette affaire, on a décidé d’accélérer le traitement des dossiers de ces prisonniers. Le traitement se fait en trois tranches, la première a été effectuée à partir du 26 octobre dernier et sont au nombre de 40. On a pu traiter 84 dossiers jusqu’au 9 novembre dernier. Il nous reste actuellement 40 dossiers à traiter. Ensuite, nous incitons aussi les prisonniers à déposer une demande de « libération conditionnelle ». Il s’agit d’une mesure juridictionnelle d’application d’une peine privative de liberté, elle suspend l’exécution. A Farafangana, ils font la demande auprès du Parquet et nous faisons le transfert au ministère de la Justice. Outre cela, des nouvelles méthodes de travail ont été entamées. Nous prenons en photo tous les détenus et nous les mettons dans un registre pour faciliter la reconnaissance faciale en cas de besoin. Nous incitons aussi la famille des prisonniers à ne pas les cacher car on peut considérer cet acte comme une complicité avec les criminels. J’ai ouvert une enquête pour régler définitivement cette affaire…
Yv Sam