
Les festivités, on en parle en cette période de vacances. Dans le triangle du nord, par exemple, plus de 30 festivals ont été organisés cette année. « Le peuple a besoin de se défouler », argumente un organisateur événementiel. Ce besoin se manifeste surtout lorsque la routine pèse sur leur quotidien.
Cependant, l’observation des personnes rassemblées devant les planches des artistes met en lumière une certaine diversité de profils. Les festivités, tout comme le public, apparaissent hiérarchisées. La décoration, le prix des produits proposés sur les stands et les codes vestimentaires fixés par les organisateurs traduisent une variété de formats festifs. Les slogans régulièrement mis en avant insistent sur la « promotion de la culture locale à travers les artistes, la mise en valeur des produits du terroir et l’encouragement du tourisme ». Sur ce point, le consensus semble partagé par l’ensemble des participants.
Cette liesse populaire va-t-elle à la rencontre de la paupérisation ? Une question qui mérite toutefois d’être posée. Plongés dans une pauvreté sans précédent, les compatriotes veulent à tout prix sécher leurs larmes, et espèrent regagner le sourire pendant quelques jours, un moment de loisir soulageant! Ensuite, retour à la vie normale, si ce n’est tumultueuse et mouvementée… La fête a un but lucratif peu importe la manière et la méthode d’organisation. À première vue, elle symbolise l’identité de la localité ; en réalité, ses motifs recouvrent des interprétations variées. « C’est fait pour se déhancher, rien que ça ! », certifie Fidélis Anatra, un activiste et apprenti en sciences sociales. En d’autres termes, les initiateurs offrent un divertissement en vue de détourner l’attention de la population. Apparemment, cette tactique employée depuis la royauté est toujours maintenue. Le directeur régional de la Communication et de la Culture de la Région DIANA, Fabio Tinogny s’oppose totalement à cette opinion qu’il juge « frivole». « Les célébrations ne sont pas forcément de ce genre. J’ai assisté au Festival du café à Bezôno, dans la commune rurale d’Antsahabe situé dans le district d’Ambanja, il y a deux semaines. Après 6 heures de marche, nous avons traversé un fleuve en pirogue. Les villageois nous ont accueilli chaleureusement. Sans vouloir me vanter, je suis le premier représentant du ministère a être descendu sur les lieux… Le projet consiste à la fois à commémorer les planteurs qui ont introduit le café et à fêter la bonne récolte qui se chiffre à plus de 50 tonnes », ajoute-t-il.
À Madagascar, les zones productives ne bénéficient malheureusement pas de la moindre infrastructure routière. De ce fait, les cultivateurs crient dans le vide. Espérons que la visite des représentants étatiques apportera un nouveau souffle à cette contrée isolée. Oui, Bezôno n’est qu’un exemple de festival revendicateur. Des centaines de parages se heurtent à des obstacles considérables.
Iss Heridiny