
Du 26 au 28 octobre, le Grand Port sera la ville hôte du « Kolotsaina Festival Anaty Elakelatrano ». Dans ses rues et ses quartiers, une belle panoplie d’artistes d’horizons divers se démenera pour cet évènement inédit.
En quelques années d’existence seulement, « Kolotsaina Festival Anaty Elakelatrano », initié par l’association « Ariart Madagascar », se déplace déjà dans les régions. Cette année, il se tiendra du 26 au 28 octobre à Toamasina. Une prouesse quand on pense que derrière les mannettes se trouvent une bande de jeunes qui en veulent. Pour cette édition, deux entités ont collaboré, l’association « Ariart Madagascar » et la compagnie « My Crew » de Toamasina.
Trois lieux spécifiques ont été ciblés pour accueillir le « Kolotsaina Festival Anaty Elakelatrano ». Le quartier des jeunes de la prison d’Ambalatavoahangy, le « fokontany » de Morafeno et l’écovillage artistique de Vohitsara. L’Alliance française locale sera aussi de la partie.
Plus d’une quarantaine d’artistes se relayeront ainsi sur scène durant ces trois jours. Plusieurs disciplines seront représentées, comme le slam, la photographie, la musique, la danse, le cinéma, ou encore la bande dessinée, etc. Des ateliers vont servir de mise en bouche pour que l’organisation soit impeccable.
Hanta Razafimanantsoa, de l’association « Ariart Madagascar », a accepté de répondre à quelques questions concernant les tenants et les aboutissants du « Kolotsaina Festival Anaty Elakelatrano ».
Midi Madagasikara (MM) : Pourquoi avoir déjà osé décentraliser un festival de seulement quatre années d’existence ?
Hanta Razafimanantsoa (H.R) : Nous avons choisi de décentraliser le festival parce qu’à Antananarivo, il y a trop de choses. D’un autre côté, l’esprit du festival est que si quelqu’un nous sollicite, nous répondons. La compagnie « My Crew » de Toamasina nous a par exemple sollicité et nous répondrons présent. Pour l’intérêt des Tamataviens pour ce genre d’activité, à notre grand étonnement, dès que nous avons lancé notre appel à collaboration artistique, cela a fait beaucoup de bruit. Ce qui a tout de suite engendré l’adhésion du chef du « fokontany » de Morafeno, par exemple. La compagnie « My Crew » a déjà effectué des chorégraphies dans ce quartier et a reçu un bel accueil. Cela nous a inspiré. Nous avons surpris des gens discuter du festival dans les bazars, les rues…
MM : Pour les financements, vous faites comment ?
H.R : En fait, pour « Kolotsaina Festival Anaty Elakelatrano », nous évitons de faire circuler de l’argent. Pour la logistique, untel peut fournir les micros, untel les baffles. Tous les artistes qui y participent le font bénévolement, sans aucun cachet. Actuellement, nous sommes en train de trouver un bus gratuit pour emmener les artistes là- bas. Un établissement nous a proposé un hébergement gratuit pour la quarantaine d’artistes. Pour la restauration, nous allons payer de nos poches. Les sociétés qui nous ont soutenus ont été étonnées que nous ne demandions pas d’argent. On a répondu que si elles veulent nous aider, elles peuvent apporter leur soutien matériel.
MM : Donc, vous comptez maintenir cette approche pour les festivals à venir ?
H.R : Nous ne voulons pas non plus de cette image du festivalier qui s’enrichit sur le dos des autres. C’est vrai que nous, les organisateurs, nous sommes des pères ou des mères de famille mais nous voulons réaliser cet évènement parce que c’est une nécessité publique. Qu’il y ait d’autres offres et démarches possibles tout en se gardant de quémander de l’argent pour que ce soit réalisable. De plus, il est également possible de proposer un évènement bien organisé aux gens avec notre approche. Que nous ne faisions pas ce festival pour nous amuser mais pour vraiment offrir quelque chose à la population. Cela change aussi notre vision, nous nous disons qu’il ne faut pas toujours posséder de l’argent pour pouvoir bouger les choses.
MM : Pourquoi avoir intégrer une prison dans la programmation ?

H.R : Le choix du quartier des jeunes de la prison d’Ambalatavoahangy parce que quoi qu’il en soit nous sommes tous jeunes. Ces individus sont souvent stéréotypés à cause de leur situation d’incarcérés, si on ne leur tend pas la main en leur ouvrant une perspective professionnelle, ils risquent toujours d’être aspirés par la spirale de la délinquance. De plus, cette prison est l’une des plus avancées à Madagascar en matière de réinsertion sociale. Puisqu’elle propose des ateliers de menuiserie, des apprentissages d’élevage. De telle sorte qu’en sortant, les jeunes puissent avoir des acquis. L’année prochaine nous seront à Mahajanga.
Maminirina Rado