L’OSC interpelle le gouvernement face aux « barbarismes » perpétrés dans les régions d’Ihorombe, Anosy, Atsimo Andrefana, Androy et Bongolava.
La Société civile monte au créneau pour dénoncer les actes de violences et les dérives perpétrées ces derniers temps par certains éléments des Forces de l’ordre, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue hier au bureau de la SAF/FJKM à Antaninarenina, des représentants de 42 associations, ONG, réseaux, collectifs et coalitions membres de la Plate-forme des Organisations de la Société Civile (OSC) ont dénoncé entre autres, « des agents des Forces de l’ordre qui, afin de soutirer de l’argent et souvent de connivence avec leurs chefs hiérarchiques (pour couverture et protection) se versent dans des pratiques mafieuses ». Selon l’OSC, ces pratiques sont récurrentes notamment dans les régions Ihorombe, Anosy, Atsimo Andrefana, Androy et Bongolava. D’après les explications du président national de ladite Plate-forme, Rasamoely Andrianirainy, les investigations menées au niveau de ces différentes localités ont permis de confirmer l’existence entre autres, « d’intimidations et tortures morale et psychologique ; des arrestations et détentions arbitraires ; des exécutions sommaires d’innocents et de présumés dahalo sans aucune forme de procès (Beroroha, Tsiroanomandidy, Ankazoabo, Betroka…) ; le pillage des biens de la population surtout des bovidés (Beroroha, Betroka…) ; l’usage disproportionné de la force (incendie de villages : Asira et Tsinjoarivo dans le District de Beroroha) ; les trafics d’armes et de cannabis impliquant des hauts responsables des Forces de l’ordre et des élus ; les trafics de fiches individuelles de bovidés et de carte d’identité nationale ; les tortures physiques et les barbarismes en brûlant vifs ou morts des individus avec des pneus et de l’essence (Ihosy et Beroroha) ; ainsi que l’impunité et le corporatisme des hauts responsables politiques, militaires et de certains élus favorisés par la corruption institutionnalisée ».
« Réseaux mafieux ». A entendre les explications des membres de la Société civile, des Officiers supérieurs, des députés, des Chefs de région, des Chefs de district et des Maires seraient impliqués dans ces exactions. L’OSC condamne surtout le fait que les exécutions sommaires sont devenues pratiques courantes au niveau des forces de sécurité. Rasamoely Andrianirainy de rappeler notamment l’article 8 de la Constitution malgache qui stipule que : « Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie ». Une disposition confirmée entre autres, par la Charte africaine des Droits de l’Homme, l’Acte constitutif de l’Union Africaine et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui garantit le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité des personnes. Pourtant, malgré les multiples interpellations déjà réalisées, aucune mesure n’a été prise jusqu’ici pour sanctionner les auteurs de ces actes. Aussi l’OSC interpelle-t-elle les Forces de l’ordre afin de faire preuve d’éthique et de déontologie. Par ailleurs, face aux violations du droit à la vie, du droit à la sécurité et l’intégrité physique, la Société civile lance un appel à l’endroit du Gouvernement et des autorités politiques, afin de diligenter des missions d’enquêtes pour confirmer ou infirmer ces allégations et élargir les investigations à l’ensemble de l’Opération Fahalemana et non pas limiter l’enquête à l’affaire du député Mara Niarisy. L’OSC exige également l’ouverture d’enquêtes internes à l’encontre des agents délictueux afin de restaurer l’image des Forces de l’ordre. Le démantèlement des « réseaux mafieux » impliquant les responsables politiques, militaires et administratifs est également réclamé. Pour restaurer la confiance du peuple au système judiciaire et de renforcer l’Etat de droit, la Plate-forme de la Société civile propose l’organisation d‘une concertation et de dialogue national et régional entre les divers acteurs.
Davis R