
Les retombées économiques de l’exploitation de pétrole seront importantes pour Madagascar. Mais des pièges courants chez les pays producteurs constituent également une menace. Interview de Razaka Elisé, ancien directeur général de l’OMNIS et ex-ministre de l’Energie et des Mines.
Il a été récemment question dans la presse, de production pétrolière à Tsimiroro. Qu’en est-il exactement ?
Depuis l’année 2007, du pétrole lourd a déjà été produit à Tsimiroro, mais en petite quantité ; actuellement, la société pétrolière, qui exploite ce bloc pétrolier, va mettre en œuvre un système d’injection de vapeur plus performant qui permettra d’accroître la production journalière de pétrole et l’amener à entrer dans la phase de développement. Il est à noter que ce n’est pas encore la phase de commercialisation. Cette dernière prendra encore quelques années pour se réaliser.
Votre avis sur la maîtrise par l’Etat des opérations relatives au secteur pétrolier amont ?
Le résultat des recherches effectuées jusqu’à maintenant confirment que Madagascar possède un potentiel important en matière de ressources pétrolières. Toutefois, le pétrole est une ressource stratégique non-renouvelable, et la réalisation de son potentiel devrait contribuer au développement économique, à la diminution de la pauvreté et contribuer à l’autosuffisance énergétique. Pour cela, il faudrait que les activités pétrolières soient menées à travers les principes de la bonne gouvernance avec un cadre légal clair et cohérent par la séparation de la politique pétrolière, de la régulation et de la partie commerciale dans l’organisation des institutions qui gouvernent le secteur pétrolier. Il faudrait également assurer une gestion transparente et prudente des ressources, la sauvegarde de l’environnement, des mesures de santé et de sécurité efficaces, une politique fiscale efficiente et durable, le transfert de technologie, la création de compétences nationales, le développement de la participation nationale et les mécanismes de divulgation des revenus pétroliers incluant l’intégration à l’EITI. Par ailleurs, il faudrait instaurer, à partir de ces revenus, un fonds pour les générations futures et investir dans des énergies de remplacement, en prévision de l’épuisement de nos ressources pétrolières. En opérant ainsi, nous pourrons éviter les différentes sortes de crises économiques, sociales, environnementales, sécuritaires et politiques qui surviennent souvent dans les pays nouveaux producteurs de pétrole.
Actuellement qu’en-est-il de vos activités politiques ?
Le Dr Jean Louis ROBINSON, m’a nommé en tant que Directeur de campagne pendant le deuxième tour de l’élection présidentielle qui s’est tenu récemment, ce que j’ai accepté sans hésiter, car nous sommes des amis de longue date. Actuellement, je m’occupe de mes activités de technicien et d’écrivain.
Recueilli par Antsa R.