
« Le Sud de Madagascar… Depuis 2007 je me rends souvent dans le Sud de la Grande Ile. C’est quoi le Sud ? C’est où ? Ça commence où ? Est-ce un état d’esprit, une façon de penser, de vivre ? Est-ce un climat différent, des paysages différents ? Quelque chose me pousse à revenir régulièrement dans ce Grand Sud. C’est une envie, presque pulsionnelle.
[…] J’y ai toujours trouvé l’atmosphère pesante, le temps semble s’être arrêté. La très grande majorité de la population du Sud vit dans un équilibre précaire, coincée entre le rythme des traditions, des obligations, et un délaissement flagrant du pouvoir central d’Antananarivo. De vastes étendues de terres et de montagnes nues, arides et poussiéreuses sont cernées par les grandes villes de Ihosy, Tuléar et Fort-Dauphin. J’aime le Sud. Je ne pense pas pouvoir prétendre connaître le Sud. Mais je sais que j’aime son austérité et l’énergie de son espérance, la générosité de sa lumière, la douceur de ses matins comme l’âpreté de ses nuits. J’ai besoin de me retrouver là-bas et photographier. Je veux, par l’acte photographique, faire un portrait de ce grand Sud, si majestueux et si solitaire, proposer une carte sentimentale, intime, personnelle de cette région si loin de tout. C’est une région à réapprendre, mais dont l’avenir, contrôlé et décidé par des forces économiques et politiques obscures, lui échappe complètement », témoigne Rijasolo. Passionnée, attiré, envoûté par cette région de Madagascar, le photographe a voyagé dans cette partie de l’île et y a réalisé plusieurs clichés qui seront exposés dans les cimaises de l’Institut Français de Madagascar (IFM) depuis hier. « Cette série n’est pas un photo-reportage ou un documentaire. Je me défais du discours journalistique. […] Ce seront juste des images, témoins de mes déambulations mais qui constitueront au final un document en soi, un regard porté sur l’état du Monde ».
Mahetsaka