Principal pourvoyeur de devises pour la Grande Ile, la filière vanille ne cesse de faire parler d’elle, en bien mais surtout en mal, ces derniers mois.
La volonté d’assainissement de la filière vanille montrée par les autorités se heurte à l’hostilité de certains exportateurs qui ont l’habitude de profiter du laisser-aller et du laisser-faire de ces dernières années si l’on en croit les explications de ces responsables. En effet, des exportateurs se livrent à la création de sociétés fantômes pour ne pas rapatrier des devises, condition sine qua non pour avoir une licence d’exportation, et se libérer de toutes charges fiscales, a soutenu une source proche des exportateurs. Par conséquent, des milliards de devises ne sont pas rapatriées au détriment de la balance commerciale du pays.
« Certaines sommes qui doivent revenir à Madagascar ne reviennent pas au pays », s’est désolé le président de la République, Andry Rajoelina, devant les opérateurs de la filière vanille à Antalaha au cours d’une rencontre en 2020, et chaque année la même figure revient. « Le procédé est simple, on crée une société (fantôme) pour pouvoir exporter, une fois l’opération terminée la société est démantelée, et l’année suivante une nouvelle société sera créée pour la même opération sans que la première ait rapatrié les devises comme la loi l’exige. De plus, ces sociétés ne payent pas de taxes », a expliqué une source proche de la filière. Et de continuer que « ce sont ces exportateurs qui sont hostiles à l’application de la loi ». Cela a privé le pays d’une somme équivalente à 1 000 milliards d’ariary en devise durant la dernière campagne. En somme, seules 35% des recettes des exportations de l’or vert sont rapatriées pour le compte de la campagne 2021-2022.
Promotion. Selon l’article 2 du décret n°2021-548 portant organisation de la filière vanille « Les acteurs de la filière vanille se regroupent de manière inclusive et participative au sein du Conseil National de la Vanille ». Et de continuer que l’objet de ce conseil est la promotion et le développement de la filière Vanille à Madagascar. Le CNV vise ainsi à protéger les planteurs et défendre les prix de la vanille à tous les niveaux de la chaîne de valeur. Toutefois, des exportateurs ont signalé que « la création de la CNV a été imposée et téléguidée par un seul homme ». Ce que le ministre Edgard Razafindravahy a démenti. Il a rappelé lors de sa descente à Sambava ce mercredi 22 juin que « les acteurs de la filière vanille sont membres au sein du CNV et toutes les parties sont représentées au sein du conseil d’administration ». Et de continuer que « les membres du CNV sont au nombre de 24, le conseil d’administration est composé de 12 représentants du secteur public, les 12 autres sont issus du secteur privé (les planteurs, les collecteurs, les préparateurs et les exportateurs) ».
Agrément. Des opérateurs dénoncent également des magouilles sur l’obtention d’agrément pour l’exportation de vanille. « Les agréments seront octroyés à l’exportateur selon sa position vis-à-vis du régime, et que beaucoup d’exportateurs sont sujets, depuis quelques jours, à des redressements fiscaux car ils sont ciblés comme étant contre le processus actuel », a d’ailleurs expliqué dernièrement le député de Toamasina 1. Toutefois, les exportateurs peuvent déposer leur demande d’agrément d’exportation de vanille pour le compte de la campagne 2022-2023 depuis hier. Selon une note publiée par le ministère de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation, et ce jusqu’au 29 juillet. Ce qui ouvre encore la possibilité pour ceux qui veulent investir dans cette filière. Les exportateurs qui renouvellent leur demande devraient fournir une attestation de rapatriement de devise délivrée par le Trésor ou une banque primaire. Les demandeurs devraient aussi faire une lettre d’engagement pour le respect du prix minimum fixé.
Julien R.