
Alors que le Président de la République ambitionne de rouler à la vitesse d’un TGV, la lourdeur administrative qui est toujours de mise dans certains départements ministériels laisse plutôt penser à une charrette à bœufs.
En 2018, et selon les sources douanières, l’exportation d’huiles essentielles a rapporté au pays exactement 104.683.943,41 millions de dollars. Cette année, avec l’expansion exponentielle de la filière « huiles essentielles », l’on devrait faire mieux.
Mesures antiéconomiques
Malheureusement cette performance risque plus que jamais de ne pas être atteinte avec les récentes mesures antiéconomiques récemment prises par le ministère de l’Environnement et du Développement durable. En effet, les lourdes procédures administratives imposées depuis deux mois par ce ministère pour les opérations d’exportation d’huiles essentielles, font que 48 heures à 72 heures auparavant, les autorisations d’exportations prennent actuellement plus de trois semaines. Apparemment, pour des raisons que les opérateurs ignorent encore, les responsables cherchent la petite bête pour compliquer la tâche, puisque les dossiers doivent passer d’un simple chef de service jusqu’au ministre avant la délivrance de l’autorisation d’exportation. Une lourdeur administrative qui n’est évidemment pas sans conséquences dommageables pour les exportateurs qui lancent actuellement un cri d’alarme. « Cette lourdeur administrative nous pose un énorme problème de trésorerie » a expliqué samedi dernier, lors d’une conférence de presse, le Groupement des Exportateurs d’Huiles Essentielles Extraits et Oléorésines de Madagascar.
Annulations de commandes
Ce groupement craint par ailleurs une perte de compétitivité pour l’ensemble de la filière « huiles essentielles ». « Nous n’arrivons plus à respecter les délais de livraison convenus avec nos clients et cela entraîne une perte de crédibilité de Madagascar sur le marché international des huiles essentielles » Par ailleurs, et selon toujours le groupement l’on assiste actuellement à un ralentissement de la production. Pire, certains exportateurs ont déjà reçu des annulations de commandes. Ce qui provoque, du coup, des pertes de recettes en devises évaluées entre 8 à 10 millions de dollars par mois. En plus des impacts négatifs de cette lourdeur administrative, les exportateurs d’huiles essentielles sont également pénalisés par une taxation jugée inappropriée, puisque Madagascar est l’un des rares pays où les exportations sont taxées. En l’occurrence une taxe à l’exportation de 1,5% versée à la caisse du ministère de l’Environnement et du Développement durable, lequel récolte du coup au moins de 1,5 million de dollars par an. Et pourtant la filière « huiles essentielles » participe déjà à renflouer les caisses de collectivités territoriales décentralisées, grâce à la redevance forestière ainsi qu’aux ristournes communales et régionales qui sont variables selon les produits.
Priorité
En tout cas, les exportateurs affirment ne pas comprendre les raisons de ces nouvelles mesures. Ces lourdes procédures imposées actuellement par le ministère de l’Environnement du Développement durable seraient notamment motivées par un souci de protection de l’environnement dans la mesure où l’extraction d’huiles essentielles par alambic nécessite le recours à du bois de chauffe. Un raisonnement contredit par le groupement des exportateurs qui affirment que la protection de l’environnement est pour eux, une priorité. « Avec la déforestation actuelle, les actions de reboisement sont prioritaires dans les actions environnementales du Groupement. Ainsi les membres se sont engagés à reboiser 100.000 pieds par an. Nous prévoyons également à long terme d’augmenter le reboisement suivant la croissance de nos activités et l’augmentation du nombre de nos membres ». Une manière en tout cas pour le Groupement des Exportateurs d’Huiles essentielles de soutenir que non seulement ses membres participent activement aux objectifs de développement économique mais également et surtout ils tiennent à cœur la protection de l’environnement. Par ailleurs, « les opérateurs de la filière collaborent énormément avec les paysans producteurs pour leur approvisionnement en matières premières ». Il s’agit, en somme, d’une filière qui est en mesure de contribuer grandement à la réalisation des objectifs de l’IEM. Pour cela, les opérateurs de la filière demandent juste à ce que les procédures administratives pour l’obtention du visa d’exportation soient accélérées pour sauver le marché. A défaut le TGV risque de ne pas arriver à temps à la… Gare de l’Emergence.
R.Edmond.