La nature, le vert et une sorte de cri politique englobe « Feon’ala », une exposition collaborative ouverte depuis hier à la Teinturerie Ampasanimalo. Le terme est juste, “collaborative” parce qu’« il y a des artistes qui se sont invités », se réjouit Cécile Bidaud, à l’écriture et l’installation.
C’est dire ce que ce thème inspire et alerte les artistes. Plusieurs agenceur(se)s de sensations se sont donc donnés la main pour rassembler peintures sur toile, poésie, agencement olfactif, vidéos, sons… « C’est pour inciter à l’introspection », ajoute la conceptrice.
Pour aider le visiteur et la visiteuse à se regarder, la multiplicité des sensations est la meilleure option. Un accès bordé d’un épais fourré de branches renversées avec deux miroirs en vis-à-vis accueille les premiers pas des visiteur(se)s.
Les senteurs boisées, d’une nature déchirée accompagnent la voix de Cécile Bidaud et des sonorités apaisées de cours d’eau, de bruits d’animaux… Le jeu de miroir semble témoigner du passage de l’humain, fugace mais qui laisse son empreinte dans ce sanctuaire vivant.
Ensuite, la visite se poursuit sur des poésies de Billy Head en anglais. Un travail sur le cours de change à partir d’une ligne de statistique mise en parabole par des petits pots de fleurs, le poids du capital en parallèle au poids de la nature.
Une épaisse toile d’araignée en bandes de tissus blancs avec des arachnides en fil de fer et en cordelette, sur laquelle sont projetés des faisceaux lumineux. Là, le visiteur(e) est en plein dans l’art moderne qui constitue la pierre angulaire de « Feon’ala ».
Des photographies d’Alexia Webster, des formes de Dieudonné Vonj, etc. dirigent vers la projection finale. « C’est une forêt située au nord d’Ambatovy », indique Cécile Bidaud. Dans une zone protégée, sorte d’aire de compensation environnementale de 2 000 ha de forêts détruite par le projet d’extraction de nickel.
Maminirina Rado
