
Ce sont des notions qui font tourner le mécanisme de l’enseignement supérieur. C’est avec la chemise trempée, les mocassins mal ajustés qu’ils entrent dans leur salle de classe, fatigués des va-et-vient à pied entre l’université et leur demeure. Ils ne comptent pas leurs heures et pourtant personne ne considère leurs efforts. Durant des années, ils vivent un calvaire.
Pour parvenir à accomplir leur noble mission d’enseignant, ils doivent s’armer de courage et de passion. Ni leurs collègues ni leurs étudiants ne leur témoignent de la considération car ce sont des vacataires, pourtant, ils sont les mieux placés pour aider ces derniers dans leurs difficultés, les ayant eux-mêmes expérimentées. Bon nombre d’entre eux n’ont jamais eu la chance de poursuivre leurs études dans les grandes écoles à l’extérieur. Ils n’ont pas connu Cambridge, la Sorbonne, ni Harvard mais, ils connaissent mieux le terrain que leurs collègues déconnectés de la réalité. Ils se sont efforcés pour devenir un enseignant de l’Université. Tremper les pieds dans une cuvette remplie d’eau, boire une bonne dose de caféine afin de présenter à temps leur soutenance, tels étaient le rythme dans une chambre de 2m². « Tiens bon, car tu seras récompensé », les encouragent leurs parents pour ne pas qu’ils abandonnent. Malencontreusement, le supplice semble continuer. Cela fait au moins cinq ans qu’ils n’ont pas reçu de salaire. Apparemment, les efforts n’ont pas porté leurs fruits. « Être enseignant à Madagascar, c’est faire du bénévolat forcé. Mais malgré l’absence de salaire depuis des années, beaucoup continuent par amour du savoir et dans l’espoir de voir nos jeunes bâtir un meilleur avenir. Il est plus que temps de faire de l’éducation une véritable priorité et de valoriser les enseignants », a posté une enseignante de l’Université d’Antsiranana sur son compte Facebook, en espérant que le message sera transmis aux responsables concernés.
Combien de temps faut-il attendre ? Ces pauvres vacataires se disputent avec leur conjoint(e)s. Les difficultés s’accumulent, le désaccord s’installe dans les foyers. Le soi-disant titre « enseignant à l’Université » ne remplit pas l’assiette sans compter les difficultés économiques que cette précarité engendre. On exige la qualité sans tenir compte des problèmes qu’endurent ces « machines cramées » obligées d’assurer la continuité du système pédagogique. Le comble, au moindre écart, le blâme retombe sur eux.
Méprisés, péjorativement associés à des porteurs de mallette de « grands érudits », les auxiliaires doivent supporter les indignations… Ce ne sont que des pantins ! Bien qu’ils soient des prolétaires, ils espèrent toujours des jours meilleurs.
Iss Heridiny


