
Le discours du locataire d’Iavoloha du lundi 29 septembre à 20 heures, n’a pas répondu aux attentes des premiers contestataires. « La dissolution du gouvernement ne résout absolument pas les multiples difficultés », affirment-ils. En revanche, ils y voient tout de même une volonté manifeste du chef de l’État.
Dans la capitale, la lutte se poursuit. Outre la Génération Z, déclencheur du mouvement, d’autres, notamment les générations X et Y, rejoignent désormais le combat aux côtés de leurs cadets. La marée noire du mardi 30 septembre a pu franchir la place de la démocratie d’Ambohijatovo. Ironie de l’histoire : ce lieu, baptisé “Kianjan’ny démocratie” par l’actuel président lorsqu’il était encore maire d’Antananarivo en 2009, n’est plus accessible depuis 15 ans, notamment durant ses mandats.
Dans les provinces, universitaires, entrepreneurs, influenceurs et citoyens suivent les pas des Tananariviens. Antsiranana a été l’une des premières villes à se mobiliser. Le 25 septembre à midi, les Tanora mahazo onon-draha ont convié quelques journalistes pour témoigner de leur supplice. Mais dès 18 h 30, la surprise fut totale : des centaines de personnes descendirent dans les rues en chantant « Alifasa jiro » — littéralement « éclairez-nous ». Trente minutes plus tard, la revendication pacifique s’était muée en véritable intifada.
Mahajanga, Toliara, Mananjary et d’autres agglomérations ont à leur tour rejoint la contestation. Pourtant, le numéro Un malgache a semblé ignorer ces mobilisations régionales, concentrant son attention sur Antananarivo, ce qui a fortement irrité les habitants des provinces. Lui qui a affirmé à maintes reprises : « Il n’y aura plus de district oublié ! » Aurait-il été mal informé ? Ou bien ses relais régionaux lui auraient-ils assuré que « tout est sous contrôle, Monsieur le Président » ?
L’appel au dialogue a également été mis en avant. « Je suis prêt à vous écouter », a déclaré le chef de l’État à l’adresse des jeunes. Dans certaines régions, les autorités locales ont tenté une première ouverture. À Diego, mardi 30 septembre vers 15 heures, divers leaders associatifs et activistes ont été convoqués à l’Hôtel de la Poste. Les discussions, menées à huis clos, se voulaient empreintes de « bienveillance ». Interrogés à leur sortie, certains participants ont préféré rester discrets, admettant simplement que « des résolutions ont été proposées ». Beaucoup d’entre eux avaient auparavant mené des manifestations pacifiques. Mais le doute persiste : l’opinion publique estime que ceux qui ont répondu à l’invitation n’ont jamais véritablement agi, par crainte d’inquiéter leurs proches.
En réalité, la situation demeure paradoxale. La jeunesse apparaît divisée : tandis que certains brandissent des banderoles « Miala Rajoelina », d’autres tendent la main aux dirigeants. La nation est en ébullition. Fait de bric et de broc, le mouvement pourrait se voir fragilisé. La fin de semaine s’annonce décisive. La vapeur peut encore être renversée à tout moment.
Iss Heridiny