
Les citoyens de ce pays ont tendance à croire que l’inégalité régionale existe. Non seulement les infrastructures ne sont pas réparties de manière équilibrée dans les localités, mais certaines régions se sentent marginalisées par le pouvoir central.
Il y a trois ans, la journaliste Hilda Hasinjo, invitée à un débat télévisé sur une chaîne de la capitale, déclarait : « Jusqu’ici, Antananarivo se considère comme le nombril du pays. Plus de 10 milliards d’ariary sont consacrés à la construction d’infrastructures dans la Ville des Mille, alors que le budget annuel d’une région, comme l’Androy par exemple, ne dépasse pas les 2 milliards d’ariary. »
C’est une habitude bien ancrée : les régions se sacrifient pour les trois millions d’âmes d’Antananarivo, soit à peine 10 % de la population malgache. Cette inégalité alimente un profond sentiment de frustration. Ce favoritisme a d’ailleurs été dénoncé par le député de Madagascar élu à Diego I, lors de la célébration mondiale de la lutte contre le travail des enfants, le vendredi 18 juillet à Antsiranana. « Pourquoi des sacs de riz de 50 kg sont-ils livrés dans certains endroits, alors que d’autres ne reçoivent qu’un sachet en plastique ? », s’est-il interrogé d’une voix ferme, en faisant référence aux aides sociales distribuées pendant la pandémie de Covid-19.
Dimitri Veloniaina, spécialiste en sciences sociales et politiques, avance une explication : « Les dirigeants se réfèrent à la géographie électorale. Ils investissent davantage dans les zones densément peuplées. » Mais si tel est réellement l’objectif, où sont passées l’égalité sociale et l’égalité des chances ?
Par ailleurs, de nombreux citoyens ne comprennent toujours pas la mise en place d’un câble de transport urbain. Pour eux, leurs enfants et petits-enfants sont lourdement endettés à cause d’infrastructures perçues comme tape-à-l’œil et superficielles.
Pendant ce temps, les ruelles de la capitale, certes endommagées, semblent constituer une priorité nationale, au détriment des routes nationales qui se dégradent jour après jour, devenant impraticables.
Dans les régions, bon nombre d’incidents sont étouffés, des talents restent invisibles, des affaires sont écartées… Rien d’étonnant, dès lors, à ce que tant de compatriotes quittent leurs terres pour rejoindre Tana : c’est pour échapper à l’obscurité.
Iss Heridiny




