
65 ans, c’est l’âge de la retraite. L’espérance de vie d’une femme malgache selon les érudits spécialistes en science sociale. La Grande-Île, quant à elle, célèbre le 65ème anniversaire de l’indépendance. Les années ont passé, les Républiques se sont succédé comme leurs dirigeants ainsi que les pseudo- révolutionnaires, mais jusqu’ici, rien ne marche.
Malédiction ou mal addiction ? Les mots s’entremêlent sous la langue puisque l’alcool est presque devenu la boisson nationale. Les rues sont parsemées d’ éclats de verre de bouteilles de picrates. Les boum-boum des haut-parleurs de bals, concerts et festivals pèsent sur les oreilles. « On est pauvre, mais on est heureux ». Anarchie dans la capitale, agitation dans les provinces, pagaille aux villages, le désordre ambiant anime l’ambiance ensuite le désaccord fait venir tardivement l’ambulance, s’ il y en a !
En ce qui concerne la politique, que de belles expressions, de beaux slogans accrocheurs. La réalisation, le peuple attend encore les 100 000 logements transformés en traño môra, l’éducation pour tous… puis chacun pour soi. Madagascar se voit un grenier de la zone du sud-ouest de l’Océan Indien. Pourtant, il n’arrive même pas à remplir l’assiette de ses enfants. La patrie chérie a été dirigée par divers experts, un instituteur, un marin militaire, un professeur cardiologue, un laitier, un économiste et un réalisateur de reality show de qualité. En revanche, l’enseignement a touché le fond comme un bateau manœuvré par un amiral. Le cœur des Malgaches palpite sans cesse. La majorité ne connaît pas le goût du beurre à cause du porte-monnaie… plat. Toutefois, les citoyens affichent leur quotidien sur les réseaux sociaux partout où ils vont. La pauvreté les inspire tant !
65 ans, c’est long. En voyant l’évolution positive effectuée par certaines nations africaines, qui étaient encore en phase de construction alors que Madagascar vivait dans l’opulence, la génération 1950 sent qu’elle ne pourrait pas fermer les yeux en paix. Témoin de la putative belle époque des années 1960-1970, elle se crispe de honte. Sans parler de la transformation de l’île verte en île rouge, la régression semblait être inimaginable. « Un billet de 20 000 ar (100 000 fmg), alors ça, c’est incroyable », s’étonne Léonard Ratsiry, un contemporain de la période de la Première République. Par contre, les benjamins des années 2000, considèrent l’anecdote racontée par leurs grand-parents comme étant un récit fantaisiste. Dire que les Réunionnais et les Mauriciens venaient ici dans l’intention de chercher du travail ne les convainc guère car actuellement c’est tout autrement.
65 ans de vagabondage ! Avant nous étions fiers. Rehareha (fierté) était sur toutes les lèvres. Actuellement, le Malgache se plaint sourdement des problèmes insurmontables. Désormais, la lettre “a” a remplacé les deux «e». Donc, raharaha, littéralement ennui ou souci, est le nouveau refrain !
Iss Heridiny