
Un point d’amélioration de l’espérance de vie à la naissance, peut apporter une augmentation du PIB (Produit intérieur brut) nominal de 447 milliards d’Ariary, d’après une étude réalisée par le CREM, qui plaide pour la priorisation des secteurs sociaux.
L’Etat doit investir davantage dans les secteurs sociaux, et assurer que l’allocation du budget soit optimale. C’est ce qu’ont soutenu les participants du 2e Atelier de concertation, coorganisé par l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) et le CREM (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar), hier à l’espace Dera. Des représentants de la société civile, de ministères et des partenaires techniques et financiers ont assisté à la rencontre de travail axée sur les analyses des dépenses publiques dans les secteurs sociaux à Madagascar. Ces participants se sont accordés à dire que l’éducation, la santé, l’eau, l’assainissement, l’hygiène, la protection sociale et la nutrition, constituent le levier du développement social du pays. « Ces secteurs conditionnent la qualité du capital humain et influe beaucoup sur la croissance économique du pays », ont soutenu les organisateurs de l’atelier.
Protection sociale. Plusieurs projets financés par divers bailleurs de fonds ont déjà été menés à Madagascar pour améliorer la protection sociale. Et pourtant, les résultats ne sont toujours pas satisfaisants, faute d’efficacité sur terrain et de bonne coordination au niveau des ministères chargés de la mise en œuvre de ces projets, d’après les propos de Patrick Randriamisata, coordinateur national du CREM. « Nous avons une stratégie nationale sur ce volet qui nécessite beaucoup de fonds. En tant qu’économistes, nous faisons appel à l’Etat pour soutenir l’amélioration du capital humain, sinon on ne pourra jamais sortir de la pauvreté », a-t-il souligné.
Impacts. En ce qui concerne la santé, les résultats d’étude réalisée par le CREM affiche une forte corrélation entre le niveau du budget alloué à la santé publique et l’espérance de vie à la naissance. « L’Etat doit accroître ses dépenses destinées à la santé publique. Actuellement, ce sont les ménages ainsi que les partenaires techniques et financiers, qui contribuent le plus aux dépenses de santé. Selon les chiffres de 2014, l’Etat n’a contribué qu’à hauteur de 10% des dépenses totales pour la santé. L’espérance de vie à la naissance à Madagascar est aux environs de 66 ans, ce qui est bon par rapport aux autres pays de l’Afrique subsaharienne, mais faible par rapport aux pays développés. Si cet indicateur s’améliore de seulement 1 an. Les impacts à court terme sur le PIB nominal s’élève à 447 milliards d’Ariary par an. Nous sommes un pays indépendant. L’Etat doit prendre ses responsabilités. Par exemple, la mortalité infantile à Madagascar est très élevée et affaiblit beaucoup l’espérance de vie à la naissance. L’Etat doit mettre en place un programme à moyen terme pour moins dépendre des partenaires techniques et financiers, car améliorer la santé conduit à l’amélioration du capital humain, donc de l’économie », a soutenu Romuald Sergio Razafitsoa, économiste chercheur au sein du CREM.
Remis en cause. La situation de l’éducation est pire, si l’on constate que 75% des enseignants dans les écoles primaires publiques n’ont aucun diplôme. D’après les simulations présentées par l’économiste Ramarifeno Andrianantenaina, il faudrait dépenser au moins 200 USD par élève, par an, pour assurer un enseignement de qualité à l’école primaire, 300 USD par élève par an, à l’école secondaire et garantir une couverture nationale. Et pourtant, si l’on se réfère au Plan sectoriel de l’éducation (PSE), les dépenses allouées à l’éducation, vers 2030, ne seront que de 70 USD par élève pour le préscolaire, 100 USD pour l’école primaire et 120 USD pour le secondaire. « Ce budget de 2030 que nous avons estimé à partir du PSE est insuffisant. Même le scénario optimiste dans le PSE ne répond pas aux critères d’une éducation de qualité », a expliqué l’économiste. Bref, de grands efforts restent à faire, bien que les dirigeants aient toujours affirmé que les secteurs sociaux soient priorisés. De leur côté, les organisateurs de l’atelier d’hier prévoient d’organiser une conférence de présentation des résultats de concertation. Ils ont également annoncé que le troisième atelier organisé prochainement se focalisera sur les diverses possibilités de financements.
Antsa R.