La Plateforme Nationale des Organisations de la Société Civile Malgache (PFNOSCM) a dressé un tableau sombre du système électoral à Madagascar.
« Les populations espèrent une condition de vie meilleure. Les beaux discours et le simulacre de démocratie ne sont plus tolérés. Que la justice, la transparence et la recevabilité soient de rigueur ! » C’est en ces termes que la PFNOSCM a ouvert son communiqué en date d’hier. Un communiqué dans lequel cette entité de la société civile malgache dresse un bilan sur plusieurs domaines relevant de la vie politique et socio-économique du pays. En matière électorale, la PFNOSCM de faire constater : « Dans l’apparence, les élections qui ont eu lieu à partir de 2018 avec les présidentielles, et qui se sont terminées en novembre 2019 avec les communales et les municipales, marquent une certaine avancée dans le processus d’alternance démocratique à Madagascar. Les fortes appréhensions d’une crise post-électorale, surtout lors des présidentielles, ont été contredites par la réalité malgré les tensions qui s’en suivaient, même si elles laissent traîner des frustrations jusqu’à maintenant. » En revanche, cette plateforme de la société civile reste convaincue que « les principes démocratiques qui doivent régir les élections définies dans les instruments internationaux, africains et régionaux (SADC) que Madagascar a ratifiés, n’ont pas été respectés dans leur majorité dans les lois organiques sur les élections et dans leur mise en œuvre. »
Volonté politique réelle. « La violation à toutes les élections de la neutralité de l’administration publique et de l’indépendance judiciaire en faveur des ‘kandidam-panjakana’, ou candidats du parti politique majoritaire au pouvoir, dénoncées d’ailleurs par un groupe de magistrats pour le cas des communales et municipales, était flagrante. Ce qui justifie dans une très large mesure la baisse continue de la participation des électeurs durant ces élections. C’est un signe grave de crise de confiance et de légitimité, et un frein certain au processus de réconciliation nationale tant attendu dont le pays a fortement besoin pour sa guérison, face aux problèmes sociétaux qui le minent », dénonce par ailleurs la PFNOSCM. Cette dernière ne se contente pas de critiquer. Elle estime que, pour améliorer le système électoral malgache et restaurer la confiance des citoyens en ce dernier, « une volonté politique réelle de tous les acteurs électoraux doit précéder la refonte participative et consensuelle du cadre légal sur les élections ; la revue en profondeur de l’approche, de la méthodologie de la confection de la liste électorale et sa sécurisation ; ainsi qu’une réelle indépendance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI)et des juridictions électorales ». A rappeler que la CENI a déjà émis le 24 janvier dernier, dans le cadre de présentation de son rapport d’activité de l’année 2019, ses recommandations pour l’amélioration du système électoral à Madagascar. Parmi ces recommandations figurent l’abandon du principe de gel des listes électorales ; le recours au système biométrique ; et l’abandon de l’utilisation de la carte d’électeur au profit de la carte d’identité nationale.
Recueillis par R. Eugène