Zafisoro et Antefasy ont officiellement enterré la hache de guerre devant le Président de la République et le Premier ministre que d’aucuns s’évertuent en revanche à dresser l’un contre l’autre, quitte à fragiliser le pouvoir.
Après avoir consulté les astres, les Zafisoro et les Antefasy se sont entendus sur « le jour du vendredi 18 mars » pour la tenue de la cérémonie traditionnelle du « fampihavanana ». Ce qui a amené le Premier ministre à se rendre à Farafangana à la date indiquée. Qui plus est, Jean Ravelonarivo est originaire du chef-lieu de la Région Sud-Est. Le maire de la Ville l’a d’ailleurs souligné dans son discours le lendemain, à l’occasion de la cérémonie officielle qui a vu la présence du Président de la République. En somme, les deux chefs de l’Exécutif bicéphale se sont répartis les tâches. L’un pour l’aspect traditionnel et l’autre pour le côté officiel.
Froid. Le président Hery Rajaonarimampianina a ainsi débarqué à l’aéroport de Farafangana le samedi 19 mars vers 11 heures. Il a tout de suite rejoint le stade de la Ville où, comme il l’a …prédit l’instant d’avant, le ciel s’est éclairci au moment de son discours. A l’image des relations entre les Zafisoro et les Antefasy qui sont de nouveau au beau fixe. Après la pluie, le beau temps. Il faisait chaud. Très chaud. En revanche, on avait l’impression qu’il y avait un certain froid entre le locataire d’Iavoloha et celui de Mahazoarivo, quand bien même les deux hommes n’auraient laissé rien transparaître. Enfin presque. Le président ne savait même pas que le PM est récemment devenu grand-père, si le maire de Farafangana ne l’a pas félicité publiquement.
Abandonné. En tout cas, la suite de la cérémonie n’a pas permis de réchauffer les rapports entre le président et son PM. Et pour cause, après avoir remis des enveloppes aux « Ampanjaka » et fait don de 14 zébus aux deux ex-clans belligérants ainsi qu’à toutes les tribus représentées à Farafangana, le premier a pris illico presto la direction de l’aéroport. Sans procéder à l’inauguration de la stèle commémorative du « fampihavanana » tel qu’il était prévu dans le programme. Laissant le Premier ministre le faire à sa place. « Le Président a dû repartir tout de suite à cause de ses obligations », a expliqué Jean Ravelonarivo. Une manière d’arrondir les angles, quoique cela n’ait pas empêché les gens de dire que « le Président de la République et les ministres ont abandonné le Premier ministre ». Ils n’ont pas honoré le cocktail à l’hôtel Austral ni le « nofo-kena mitam-pihavanana » au Coco Beach.
4 avions. Les Rivo Rakotovao, Paul Rabary, Neypatraike Rakotomamonjy, Maharante Jean de Dieu, Paza Didier… ont effectivement emboîté le pas au chef de l’Etat. Même les ministres originaires de la Région ou de la province, ne sont pas restés. En l’occurrence, Ramanantenasoa Noëline, Anicet Andriamosarisoa, Anthelme Ramparany et Ralava Beboarimisa. A l’instar de leurs collègues, l’ancien et l’actuel ministre de l’Environnement ne voulaient peut-être pas recevoir une volée de bois …de rose de la part de ceux et/ou de celles qui auraient donné l’ordre de laisser le PM tout seul. D’ailleurs, les ministres ne se trouvaient pas tous dans le même avion que le président. En effet, la délégation est venue avec 3 appareils. En tout cas, les conditions météo ne les obligeaient pas de redécoller tous aux alentours de 12h 30 – 13 h. En témoigne, le quatrième avion, celui du PM, qui a quitté Farafangana vers 15h 30.
Devise. Tout cela n’est pas un exemple de « fampihavanana » de la part de ceux et/ou celles qui veulent vicier les rapports entre Hery Rajaonarimampianina et Jean Ravelonarivo qui appartiennent pourtant tous les deux à un même club de service. En l’occurrence, le Rotary dont le but est l’établissement de « relations cordiales, le développement de relations personnelles d’amitié entre ses membres en vue de leur fournir des occasions de servir l’intérêt général ». La mission du Président de la République et du Premier ministre est d’ailleurs conforme à la devise du Rotary : « Servir d’abord ». Reste à savoir qui veut « se servir » (au propre comme au figuré) de l’instauration de relations délétères entre les deux chefs de l’Exécutif, au risque de remettre en cause « la stabilité institutionnalisée » et d’hypothéquer les échéances avec les bailleurs de fonds.
R. O
