La lutte contre la fausse monnaie est dorénavant considérée comme une priorité pour protéger l’économie.
Les faux billets continuent de circuler à Madagascar. Le phénomène risque en tout cas de miner l’ensemble de l’économie si des mesures efficaces ne sont pas prises pour lutter contre la fabrication de faux billets. On constate même, une certaine défaillance en matière de lutte contre les faux-monnayeurs.
Inculpation abusive. Mais visiblement les responsables concernés ne semblent pas prendre totalement conscience de l’ampleur de la menace. La preuve, il n’existe pas à Madagascar des statistiques sur l’évolution de la fausse monnaie. Ni le ministère de la Justice, ni la Banque Centrale ne communiquent des données statistiques fiables en la matière. Pire, les responsables se trompent visiblement d’adversaires dans les démarches entreprises pour lutter contre les faux monnayeurs. C’est le cas notamment des affaires d’inculpation abusive de guichetiers de certaines banques qui ont eu à détecter et à déclarer des faux billets lors des versements d’espèces. Aux yeux des banquiers, s’acharner sur les guichetiers est tout simplement une fausse piste car la détection des faux billets étant modernisée dans les banques, les faussaires n’utiliseront pas ces dernières pour les faire circuler. Une manière en somme de dire que pour une lutte efficace contre ce fléau, il faut d’abord chercher ailleurs.
Mesures. C’est ce qui a été, d’ailleurs, expliqué lors de la table ronde organisée la semaine dernière, au Carlton, par le ministère de la Justice, en collaboration avec la Banque Centrale et un cabinet conseil qui assistent plusieurs banques dans les affaires d’inculpation abusives de guichetiers. Bref, c’était une occasion pour les banques d’expliquer que les vrais faussaires ne vont pas utiliser les banques pour tenter d’injecter des faux billets dans l’économie car ils savent que celles-ci exercent des contrôles et que, si la banque ne détectait pas exceptionnellement un faux billet, Brinks le trouverait, et à défaut et in fine, c’est la Banque Centrale. « Les guichetiers qui détectent et déclarent des faux billets, en donnant leur nom, ne peuvent pas être accusés de « complicité de prolifération de faux billets » ont expliqué les banquiers, en suggérant aux responsables de voir plutôt du côté de l’économie informelle qui peut être le terrain de prédilection des fausses monnaies. En tout cas, cette table ronde a eu le mérite d’avoir fait comprendre aux responsables la nécessité d’élargir les champs d’intervention pour démaquer les faussaires. Un certain nombre de mesures seront également prises. Pour ne citer entre autres que la formation de la police et la gendarmerie, la création d’une brigade spécialisée ayant des moyens spécifiques comme un laboratoire d’analyse, l’implication de la douane dans les enquêtes, la suppression de la pratique des chèques non barrés… Par ailleurs, un atelier sera organisé prochainement pour renforcer la collaboration entre les entités concernées par la lutte contre la fausse monnaie.
R.Edmond.