Voilà déjà deux ans que l’on a célébré le cinquantenaire du «13 mai». Pour un anniversaire ce ne fut pas vraiment une fête mais plutôt une série de réflexions sur le bien-fondé ou non de cet évènement qui rappelons-le a enclenché une série de crises dans l’histoire républicaine du pays.
D’abord, il y a ceux qui jettent la honte (opprobre) aux manifestants qui ont fait germer les crises politiques, économiques et sociales qui sévissent aujourd’hui. « Mai 72 a généré avec la sortie de la zone (monétaire) Franc, la dégringolade de notre monnaie nationale » – en ne cessant de rappeler le kilo de riz à 30 fmg , la course du taxi à 50 ou du bus à 10… et bien d’autres illustrations de la dégradation du pouvoir d’achat. Ils fustigent aussi le 13 mai 1972 d’avoir propagé dans la société cette idéologie libertaire (négation de la discipline et de l’autorité) qui a généré l’indiscipline et l’incivilité dans toutes les institutions de la cellule familiale au système politique en passant par celui de l’éducation et selon ces pourfendeurs de 72, l’instabilité politique actuelle ne serait que la conséquence de cet évènement. Voilà en gros, ce qu’on reproche à ces « soixantedouzards » (notez le sens péjoratif du terme !).
Puis face à ces reproches les, désormais «anciens combattants», ont beau exposé le néocolonialisme qu’ils ont combattu, l’impérialisme culturel qu’on leur a imposé ou l’obscurantisme oppressant des tenants de la 1èreRépublique, mais rien n’y fit, ils ont été perçus comme des chantres de la même ritournelle.
Ainsi, les lamentations caractéristiques de l’opinion actuelle ont remporté les essais d’analyses de ceux qui ont manifesté en ce mois de mai 1972.
Mais, on oublie que la relative liberté d’expression actuelle a comme genèse le 13 mai. Puis, on omet ou feint de dire ou on l’oublie que le leitmotiv des jeunes manifestants était de vouloir la restauration de la souveraineté nationale. Retrouver l’essentiel de l’Etat tant sur le plan politique que culturel. Le « Ici c’est la France » prôné par le président Macron n’était pas une provocation de sa part, mais une réalité vécue même dans la conscience populaire. Il est vrai que quand la jeunesse actuelle rêve de s’épanouir en France, les chants de lutte de mai 1972 leur paraissent anachroniques. Mai 72 a le mérite, il n’empêche, d’avoir effectué un devoir de mémoire des victimes parmi les Menalamba, les VVS, des sujets de Toera, et des morts en 1947.
M.Ranarivao