
Après la cacophonie des premiers jours, l’application de la mesure d’interdiction du sachet en plastique de moins de 50µ d’épaisseur reste toujours peu comprise du grand public et la confusion demeure.
Les informations arrivent au compte-goutte concernant l’entrée en vigueur du fameux décret 2014-1587 du 7 octobre 2014 portant interdiction de l’importation, de la fabrication, de la vente et de l’utilisation du sachet en plastique d’épaisseur inférieure ou égale à 50µ. Quel type de sachet interdit et lequel reste autorisé ? Quelles alternatives pour remplacer le sachet interdit et pourquoi ne sont-elles toujours pas disponibles auprès des usagers ? Quelles sanctions les contrevenants encourent-ils ? Ce sont autant de questions que se pose le grand public dès le premier jour d’entrée en vigueur du décret 2014-1587, au début de ce mois d’octobre 2015. Ce n’est que quelques jours après que les informations commencent enfin, bien qu’encore timidement, à parvenir à une partie du public via les médias, concernant la mise en application de la mesure. Ainsi, même si les textes citent explicitement le type de produit concerné par l’interdiction (le sachet en plastique de moins de 50µ), la mesure reste encore floue dans les esprits. Allégrement bravée par les usagers, du moins, durant la première semaine, elle fait face aux premiers signes de résistance de la part des consommateurs. Aussi, ces derniers persistent-ils à utiliser le sachet en plastique fin pour l’emballage des divers produits.
Renoncer. Les marchands sont sans doute les plus pénalisés dans la mesure où les habitudes des consommateurs tardent à changer. Le petit épicier de quartier voit ainsi défiler des clients qui, faute de sachet ou autre emballage en remplacement de celui-ci, renoncent à leurs achats. « Cela se ressent sur mes recettes en fin de journée car faute de sachet, mes clients préfèrent ne rien acheter », se plaint Norohasina derrière le petit comptoir de son épicerie à Analamahitsy. Les produits comme le riz, les légumineuses ou encore le sucre en vrac sont les plus concernés par cette situation. Et notre épicière d’ajouter : « Les achats des clients ne sont pas toujours prévus dès leur sortie du domicile, le matin. Généralement, ils font leurs petites emplettes en fin de journée, sur le chemin du retour du travail et ne sont pas prêts à emporter partout des paniers encombrants pour deux « kapoaka » de riz ou 250g de sucre ». Un changement d’habitude à l’amorce plutôt difficile, en attendant l’arrivée des produits de substitution au sachet en plastique.
Communication. Dans les grands magasins, les solutions proposées aux clients semblent contourner les mesures en vigueur. Des sachets plus épais et dans certains cas, biodégradables, font leur apparition. Si le sachet épais, d’une épaisseur de plus de 50µ permet à ces magasins de rester dans la légalité, le sachet biodégradable, quant à lui, ne semble pas être la solution idéale. Ce type de produit n’ayant pas encore reçu l’autorisation des ministères concernés, son utilisation expose à de lourdes sanctions financières, jusqu’à 100 millions d’ariary, voire à des peines de prison, préviennent les autorités ministérielles. De quoi freiner bien des initiatives.
Dans cette situation confuse, les usagers déplorent, par ailleurs, le déficit en communication et l’absence de mesures d’accompagnement suffisantes pour que la transition se fasse en douceur et ne cause pas trop de désagréments tant aux producteurs qu’aux consommateurs des sachets en plastique. Pour l’instant, la démarche adoptée a amené à une situation d’incompréhension et de confusion qui fait diversion face à d’autres réalités qui semblent bien plus préoccupantes aux yeux de l’opinion.
Hanitra R.