Derrière les magasins pillés se trouvent aussi des familles qui sont gravement menacées. Les pillages du 26 septembre qui se sont poursuivis ces derniers jours font énormément de mal, non seulement aux propriétaires des entreprises et magasins pillés, mais aussi aux nombreuses très petites entreprises, petites et moyennes entreprises fournisseurs.
Victimes collatérales
Pour ne prendre que le cas des magasins Super U et U Express par exemple, ces deux enseignes de grande distribution ont été obligées de fermer l’ensemble de leurs magasins à Antananarivo. Selon les responsables de l’entreprise, la fermeture, heureusement temporaire, lui permettra de procéder à un état des lieux et d’engager les démarches de remise en ordre et de réouverture. Une réouverture attendue par les fournisseurs de ces grands magasins. Ces fournisseurs sont en effet parmi les victimes collatérales de ces pillages. On rappelle que la politique des grandes surfaces est aussi de recourir aux services de ces TPME et PME qui leur fournissent des produits locaux. Plusieurs centaines de fournisseurs sont actuellement menacés. Et ce, pour la bonne et simple raison qu’ils risquent de ne pas être payés à temps, compte tenu des difficultés rencontrées par les enseignes qui sont pour la plupart fermées. En effet, généralement, le paiement à terme, c’est-à-dire un règlement à 30 jours, fin du mois. Ainsi si le fournisseur livre en août, la facture est payable fin septembre.
1Réouverture
Ce qui ne pourrait pas être le cas, pour ce mois de septembre compte tenu justement de cette fermeture de ces magasins. « Nous avons demandé auprès des responsables, mais on n’a pas pour le moment des réponses précises » explique un fournisseur qui craint lui aussi d’avoir des problèmes en cas de retard de paiement. « Même si nous sommes de très petites entreprises, nous avons quand même nos employés que nous ne serons pas en mesure de payer, en cas de retard de paiement. Et puis nous avons aussi nos propres fournisseurs des produits que nous devons payer à la fin du mois » poursuit-il. Beaucoup de petites familles sont menacées, en somme, à cause de ces pillages. En tout cas, les fournisseurs locaux souhaitent la réouverture le plus tôt possible de ces grands magasins. « Cela nous permettra de limiter les dégâts et de reprendre nous aussi nos activités » conclut notre interlocuteur. A propos de réouverture et de retour à la normale, justement, la situation est particulièrement critique pour le Groupement des Professionnels de la Grande Distribution. Cette association qui réunit U, Leader Price, Carrefour, Jumbo Score et Shop Liantsoa a annoncé dans un communiqué de presse, que « le contexte logistique propre à Madagascar rend cette situation particulièrement critique. » En effet, « chaque bateau met près de 3 mois pour acheminer des marchandises sur l’île. »
Pénurie
Avec ce que cela suppose de risque de pénurie qui plane. «La destruction des infrastructures et des stocks existants aggrave donc la pénurie et retarde lourdement la capacité d’approvisionnement de l’ensemble du pays » précise le Groupement des Professionnels de la Grande Distribution qui affiche, malgré tout, une détermination à se relever rapidement de cette situation et qui espère pouvoir « rouvrir le plus vite possible afin d’approvisionner la population dans les meilleures conditions possibles». Une belle initiative qui mérite aussi une collaboration et une meilleure protection des autorités, notamment des forces de l’ordre pour éviter les possibles débordements qui pourraient encore aggraver la situation.
R.Edmond.