Des dessins et des bulles et beaucoup d’histoires. Depuis 12 ans maintenant, le seul festival de bande dessinée, initié par Guy Maurette, mais relayé depuis par une flopée de passionnés de cet art particulier, fait bouger la BD. Comme dans d’autres disciplines d’art, la bande dessinée est confrontée à un carrefour entre la léthargie due au peu de culture générale de la population malgache, trop peu intéressée par autre chose que ce qu’on leur donne sur un plateau d’argent et l’épanouissement international, puisque de plus en plus de bédéistes malgaches s’illustrent à l’étranger. A Madagascar, le festival Gasy Bulles essaie tant bien que mal de faire aimer la BD au grand public. Heureusement que les jeunes se passionnent de plus en plus, même si être bédéiste n’est pas encore « l’art à la mode » pour le moment.
Historique de Gasy Bulles. Le premier festival de bande dessinée à Madagascar remonte à bien plus loin que 2005. En octobre 1984 a été organisé le premier festival de BD à Madagascar, un événement initié par le Centre Culturel Albert Camus avec la participation du Ministère de la Culture et de l’Art Révolutionnaire. L’effervescence des années 80 cède la place au déclin entraîné par la crise économique qui frappe Madagascar dès le début des années 90. Avec l’aide de la Coopération française, des stages de perfectionnement et des aides à la production ont permis à la bande dessinée de tenir la tête hors de l’eau. Dans les années 2000, l’association Mada BD qui regroupe les grands noms de la BD des années 80, avec l’appui du CCAC, a voulu donner un nouvel élan à la BD malgache. Le premier festival de bande dessinée est né en 2001. Jusqu’en 2004 où se tiendra la deuxième édition, stages professionnels et publication ont permis aux dessinateurs d’assurer une certaine visibilité. Le premier mois de la bande dessinée, Gasy Bulles, toujours sous l’impulsion du CCAC, a pour but de permettre aux talents confirmés et émergents de se faire connaître. Il s’est donné aussi comme mission d’accompagner et d’épauler les dessinateurs malgaches dans la valorisation de leurs travaux et dans leur professionnalisation.
De plus en plus jeunes. Il y a les grands noms de la BD malgache, ceux qui ont fait les beaux jours de la BD, dans les années 80. Ces petites bandes dessinées, aujourd’hui de vraies pièces de collection, ont conquis les lecteurs, car elles paraissaient essentiellement dans un magazine, le « Fararano Gazety », en 1981. Puis sont venus les « Benandro » et les « Koditra », des histoires qui ont promis un grand avenir à la BD malgache.
Puis la BD malgache s’est tue un peu. Malgré cela, les bédéistes ont continué à crayonner, et c’est toute une génération d’affamés de la bulle qui s’est émergée vers le début des années 2000. Grâce au soutien du CCAC, ces dessinateurs ont réussi à publier une série de collectifs montrant plusieurs planches. Certains ont même pu assister à de grands festivals internationaux, exportant dans la même foulée les projets. On se souvient par exemple du projet « Chahuts de l’île rouge » réalisé par le collectif d’auteurs du Gasy Bulles, qui a participé au festival Suisse Sismics BD.
Aujourd’hui, la jeune génération se démarque. Fortement influencée par la culture nippone, les styles s’inspirent des mangas, les pseudos aussi. D’ailleurs, le carnaval cosplay qui s’est déroulé lors de la dernière édition montre bien cette évolution.
Et si pour l’heure, malgré ses 12 éditions, le Gasy Bulles n’est pas aussi soutenu que les autres festivals des autres disciplines artistiques dans son organisation, les passionnés le resteront, et continueront de dessiner, de crayonner et de raconter des histoires pour ceux qui aiment feuilleter les pages au rythme des bulles et des dessins !
Dossier réalisé par Anjara Rasoanaivo