Face à la situation politique actuelle, l’homme sort de son silence. Interview.
Midi : Le spectre d’une nouvelle crise plane sur le pays. Récemment, vous avez appelé chacun à la retenue. Pourquoi ?
Fetison Rakoto Andrianirina : « Je rappelle que le relèvement général et la reconstruction de notre Nation sont l’affaire de tous, dans le rassemblement des énergies et dans la liberté d’expression des convictions. Il est absolument prioritaire d’instaurer un climat de concorde nationale qui est de la responsabilité des responsables politiques comme du simple citoyen, mais pour laquelle, le Président de la République, tout comme les membres du Parlement, doit donner des gages réels et non de simples postures ou déclarations lénifiantes destinées à apaiser une étape d’un trajet semé d’embûches. Mon appel est une sorte d’interpellation des dirigeants que l’heure est à l’apaisement ».
Midi : Dans cette procédure de destitution, les deux parties s’estiment être dans leur bon droit, qu’en pensez-vous ?
FAR : « Je crois que la politique politicienne, avec ses manœuvres et manipulations doit irrémédiablement s’effacer pour faire place au plein exercice de l’engagement pour la Nation à laquelle nous sommes tous appelés. Et c’est dans cet esprit qu’encore une fois, au nom de la rationalité et de la rigueur de la pratique institutionnelle, que seule la raison d’Etat, doit répondre aux nécessités pour un bon fonctionnement des rouages étatiques dans l’intérêt du peuple ».
Midi : Quelle solution préconisez-vous alors ? Devons-nous encore faire confiance en nos Institutions ?
FAR : « Trop d’erreurs ont été faites à tous les niveaux du pouvoir, y compris au niveau de la HCC depuis 2014. Les énumérer ici ne sert à rien et n’apporte aucune solution à la population meurtrie et désemparée, lorsqu’il faudrait éviter les conséquences désastreuses d’une nouvelle crise. Il s’agit de faire preuve d’un sens minimum de dignité aux yeux de la population en acceptant le principe évident de la tenue d’une négociation. La réconciliation nationale aura ainsi progressé dans ses applications ».
Midi : La communauté internationale, à travers ses représentations diplomatiques locales, semble être déçue de la tournure qu’a pris l’évènement ? Quel rôle espérez-vous d’elle pour résoudre ce problème ?
FAR : « La responsabilité nous incombe entièrement. La communauté internationale est là pour nous accompagner dans nos propres solutions. Madagascar a choisi un Président et a mis en place un Parlement d’une manière démocratique. Toute consultation officielle et politique en dehors de ces Institutions démocratiques ne fait qu’envenimer la situation créant des confusions non seulement auprès des acteurs politiques, mais aussi auprès d’une population tourmentée. Tous les acteurs, y compris la communauté internationale, doivent s’y conformer ».
Midi : Quel message souhaitez-vous faire passer en guise de conclusion ?
FAR : « Qu’est-ce qui fait l’unité d’une Nation ? Nous avons en commun notre langue, notre drapeau et notre hymne national. Nous formons un seul peuple. Ce peuple représenté par le Président de la République et les Parlementaires a fondé en ces derniers tout leur espoir pour un avenir meilleur. Je crois que nos dirigeants doivent démontrer leur responsabilité au-delà des inutiles divisions, du court-terme de la politique de bloc et des diffamations. Tous ont besoin les uns des autres pour réussir leur mission et doivent faire corps à l’image d’une Nation. Des points communs existent pour unir, alors pourquoi diviser ? Sinon, il faut choisir une autre forme de gouvernance pour que toutes les populations de ce pays se sentent concernées et représentées au niveau des institutions. Beaucoup réclament, dans ce sens, le changement de Constitution pour pouvoir choisir entre, au moins, deux constitutions: fédérale ou unitaire. Pourquoi pas ? »
Propos recueillis par R. O
