
Le processus de réconciliation nationale initié par le Conseil des Eglises chrétiennes à Madagascar pose des problèmes de fond et de fonds.
« Dans le cadre du processus de réconciliation nationale, il est institué un Conseil du Fampihavanana Malagasy dont la composition, les attributions et les modalités de fonctionnement sont déterminées par la loi ». Selon ces dispositions de l’article 168 de la Constitution, le FFM a une habilitation constitutionnelle pour piloter le processus de réconciliation nationale. La loi relative à sa composition, ses attributions et son fonctionnement est même d’ordre public dans la mesure où la mission du FFM concerne la paix sociale et la sécurité publique qui sont le corollaire du « fampihavanana ».
Laïcité. S’agissant d’une loi d’ordre public, on ne peut y déroger par des conventions particulières placées sous les auspices du FFKM qui n’a aucune base légale. Encore moins constitutionnelle car la loi fondamentale consacre « la laïcité de l’Etat qui repose sur le principe de la séparation des affaires de l’Etat et des institutions religieuses et de leurs représentants ». Il est stipulé expressément que « l’Etat et les institutions religieuses s’interdisent toute immixtion dans leurs domaines respectifs ». C’est dire que l’initiative du FFKM, fut-elle louable sur le plan humain et social, pose un problème de fond d’ordre juridique.
Financement. Il y aussi un problème de fonds (avec S) car force est de se demander où 4 chefs d’Eglise pourront trouver les 600 millions d’ariary nécessaires à la tenue des assises sur la réconciliation nationale prévue fin avril, début mai. En effet, selon la loi (française) de 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat qui a été reprise presque texto dans l’ordonnancement juridique interne de Madagascar, « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». En somme (c’est le cas de le dire), l’Etat ne peut pas assurer en tout ou partie le financement de ces assises organisées par le FFKM qui ne pourrait évidemment pas compter sur les oboles des fidèles.
Parabole. L’autre problème de fond (sans S) qui se pose porte sur la représentativité du FFKM. Même l’ancien président Didier Ratsiraka avait déclaré le 29 mars dernier, au sortir du culte sur la réconciliation nationale officié à l’Eglise Saint-Joseph à Mahamasina, que le processus devrait être élargi à d’autres entités et confessions entre autres musulmanes. Sans parler des associations cultuelles appelées communément sectes qui ont de plus en plus leur place dans le paysage religieux malgache. Si l’Amiral qui est pourtant le chantre du sommet des 5 prône l’élargissement, c’est peut-être pour pallier au départ des anciens présidents Zafy Albert et Andry Rajoelina qui a réduit le sommet à 3. Une double défection qui ne constitue pas un blocage au processus de réconciliation nationale, selon le FFKM qui ne fait visiblement pas sienne la parabole (biblique) des 99 brebis que le berger laisse dans l’enclos pour aller à la recherche de la centième égarée, même si Zafy Albert est plutôt un vieux dinosaure, et Andry Rajoelina, un jeune loup aux dents longues.
R. O