Le cours mondial du coton connaît une tendance à la baisse comme dans les années précédentes. L’Etat doit ainsi intervenir avec l’appui des bailleurs de fonds pour assurer un développement durable de cette filière.
Une anarchie est observée au niveau de la filière coton. Deux sociétés asiatiques qui y opèrent ne respectent même pas le système du paysannat. En effet, elles achètent la production de ces paysans en collectant le coton dans la nuit alors que ceux-ci ont déjà conclu un contrat avec des opérateurs locaux, témoignent les victimes de ce genre d’infraction. Ces derniers ont pourtant investi durant la période de culture sous forme d’avance à la récolte. Nous avons ainsi approché le fondateur et le patron de Dramco SARL, en la personne de Dramsy Nizar, qui a une grande expérience dans le domaine du coton, pour demander son opinion sur l’avenir de la filière. Cet opérateur a d’ailleurs investi dans la relance de la culture de coton via le système paysannat depuis 1998-1999.
Echec. « Avant la privatisation de la société Hasyma, je suis intervenu auprès du ministère de tutelle et de la Banque Mondiale qu’il fallait d’abord régler le paiement des arriérés de salaires des employés de Hasyma ainsi que de la vente de la production de coton des paysans. Une subvention a été ainsi accordée par cette institution de Bretton Woods, pour ce faire. Ensuite, j’ai proposé au vu de cette privatisation, une mise en place d’une agence de coton où le personnel très expérimenté de Hasyma aurait continué à jouer le rôle de facilitateur pour tous les acteurs dans la filière coton. Malheureusement, cela n’a pas été fait », a-t-il exprimé. Cet opérateur a également suggéré une vente de gré à gré à une société cotonnière capable de développer durablement la culture de coton dans le pays, en l’occurrence, la société Ivoire Coton. « Pourtant, Dagris a été l’adjudicataire tout en sachant que c’était une société d’Etat française qui devrait être privatisée dans les six mois à venir », a-t-il révélé. D’où, la présence de la société Geocoton à Madagascar pour travailler dans les sites de Hasyma. Mais celle-ci s’est retirée suite à la crise politique survenue à Madagascar depuis 2009. La production de coton des paysans n’a pas ensuite trouvé d’acheteur. « Finalement, cette opération de privatisation de la Hasyma était un échec. Ce qui a, au contraire, entraîné une désorganisation totale de la filière », a avancé Dramsy Nizar.
Concurrence déloyale. Le FMI et la Banque Mondiale ont imposé à l’Etat la privatisation des sociétés d’Etat comme conditionnalités. Maintenant, « on se retrouve devant un Goliath, une société nationale chinoise plus puissante, qui remplace notre société nationale malgache. Nous, les opérateurs privés locaux nous sentons de ce fait lésés face à ces entreprises nationales chinoises soutenues pleinement par leur Etat. J’appelle cela une concurrence déloyale. Elles viennent, entre autres, de recevoir des subventions d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Et encore, elles imposent par-dessus le marché un prix plafond en défaveur de nos paysans », a-t-il dénoncé. Par ailleurs, cet opérateur a également proposé avant la privatisation, une subvention pour la recherche comme ce qu’on fait au Burkina Faso, pour développer la recherche sur le coton biotechnologique. « Ce coton n’est pas nocif à la santé humaine car on utilise moins de pesticide. Donc, c’est avantageux pour la santé publique. Cela permet en même temps de réduire notre coût de production », a-t-il soulevé.
Cours mondial. Parlant de Dramco SARL, dont il est le fondateur, c’est une entreprise se spécialisant en matière de production de fibres de coton de qualité ainsi que de l’huile et du savon à base de coton. « Mes obligations de réserve et mes contraintes de temps en tant qu’élu ont contraint à la pleine expansion de l’entreprise. Ensuite, les crises politiques successives n’ont rien arrangé non plus. Aujourd’hui, je consacre pleinement mon temps à assumer mes responsabilités », a avoué Dramsy Nizar. Et suite à la tendance à la baisse actuelle du cours mondial du coton comme ce que l’on a connu en 2003 et 2004, « je fais appel à l’Etat et au gouvernement ainsi qu’aux bailleurs de fonds notamment la Banque Mondiale et l’Union Européenne, pour mettre en place une politique de soutien à la culture de coton pour son développement durable », a-t-il conclu.
Navalona R.