Alors que la filière vanille traverse, pour cause de mauvaise gouvernance, une grave crise, le nombre d’opérateurs du secteur vient d’augmenter.
On apprend en effet que les autorités compétentes, en l’occurrence le ministère de l’Industrialisation, du Commerce, et de la Consommation vient d’accorder des agréments à 20 exportateurs.
Interrogations
Concrétisation de la décision du retour à la libéralisation de la filière, après l’échec de la politique interventionniste qui s’est notamment manifestée par l’imposition d’un prix-plancher à l’exportation de 250 dollars le kilo, cette décision d’agrément de nouveaux exportateurs suscite des interrogations du côté des professionnels. A Antalaha particulièrement, les acteurs de la filière se posent la question de savoir pourquoi augmenter encore le nombre d’exportateurs alors que ceux qui opèrent déjà rencontrent énormément de difficultés pour écouler leur stock de vanille. Par ailleurs, certaines dispositions de l’annexe de l’agrément déterminant les obligations du titulaire de l’agrément intriguent le milieu des affaires. Le point 8 de cette annexe indique en effet que les exportateurs de produits transformés et dérivés doivent s’engager à « respecter les réglementations basées sur le prix de 250 dollars FOB ». Une disposition qui va manifestement à l’encontre de la dernière décision de libéralisation de la filière.
Prix dérisoire
Dans tous les cas, la filière vanille est littéralement à genou. Au grand dam des paysans planteurs qui peinent à trouver des acheteurs de la vanille verte, même s’ils vendent à un prix dérisoire de 5 000 ariary le kilo. Même situation pour la vanille préparée qui, d’après un opérateur d’Antalaha, affiche un cours de 20 000 ariary le kilo. En somme, la vanille perd dangereusement de sa valeur. Avec ce que cela suppose d’impacts négatifs sur l’économie nationale. Le FMI, par exemple, lors de la décision de son conseil d’administration sur l’approbation de la 4ème revue de la FEC parle clairement de cet échec de la filière vanille. « Le ralentissement des exportations de vanille a affecté les entrées de devises, exerçant une pression sur le taux de change », indique le bailleur dans son dernier communiqué de presse sur la 4ème FEC. Un échec prévisible quand on sait qu’en l’espace d’une seule campagne, la filière a fait l’objet de deux décisions diamétralement opposées. Le dirigisme à outrance, puis le libéralisme total.
R.Edmond