Malgré les efforts menés par le gouvernement pour protéger les planteurs de vanille, l’application du prix minima à l’exportation à 250 USD n’est pas encore effective à 100%.
Des exportateurs peu scrupuleux sont pointés du doigt pour être à l’origine de cette situation qui pénalise avant tout les planteurs, obligés parfois de vendre leur production de vanille verte, à un prix largement inférieur aux 75.000 ariary par kilo fixé par l’Etat.
Méthodes ingénieuses
Dans son rapport publié en mai dernier Aust & Hachmann spécialisé dans la filière vanille confirme cette triste réalité. « Le gouvernement malgache continue d’appliquer le prix minimum à l’exportation de la vanille, actuellement fixé à 250 USD/kg. Mais comme ce fut le cas l’année dernière, le prix réel du marché de la vanille a été bien inférieur à ce niveau et les exportateurs trouvent de plus en plus de méthodes ingénieuses pour combler la différence entre le prix de vente réel et le prix d’exportation obligatoire sans contrevenir à la politique de prix minimum » selon ce rapport. Et si Aust & Hachmann ne donne pas des précisions sur ces « méthodes ingénieuses », des acteurs locaux de la filière vanille dénoncent des pratiques mafieuses de la part de certains exportateurs et en complicité avec des importateurs. On parle notamment de minimisation des coûts par le changement de nom commercial à chaque campagne pour ne pas payer les impôts et taxes ; ainsi que le non rapatriement des devises. Ou encore des fausses déclarations de nature de marchandises.
Contrôles plus stricts
En tout cas, cette non application du prix minima à l’exportation impacte les petits producteurs, dont la vanille verte est achetée à un prix dérisoire. « On arrive à peine à écouler nos produits entre 30 000 Ar et 40 000 Ar par kilo au lieu des 75 000 Ar fixés par l’Etat », témoigne R.M un planteur originaire d’Andapa. Selon lui, les acheteurs usent de stratégies pour acheter à bas prix sans être inquiétés. « Si un acheteur a par exemple un quota de 100 tonnes, il achète juste une petite partie au prix minima pour démontrer qu’il est en règle, mais la grande majorité est acheté à 30 000 ariary le kilo voire 40 000 ariary au plus », explique-t-il. Bref, la vanille malgache continue d’être en danger, face à ces mauvaises pratiques des exportateurs qui sont d’ailleurs dénoncées par le groupement des exportateurs de vanille de Madagascar. Ces derniers en appellent à la mise en place de contrôles plus stricts pour mettre fin à ce non-respect des mesures gouvernementales. Notons que l’actuelle campagne compte une soixantaine d’exportateurs agréés. On peut citer, entre autres, Sambavanille, Biovanilla, AFH Imex Société Sarlu, Normad, Ile d’Or, Madagascar Flavors, Vanopromad… Des importateurs comme De Monchy Aromatics, Aust & Hachmann ou encore Touton S.A… sont sur le marché malgache.
R.Edmond.