La filière vanille de Madagascar est réglementée. L’Etat malgache a tenu à le rappeler avant-hier à Paris devant les industriels et les acheteurs internationaux au cours d’une conférence sur la vanille de Madagascar qui s’est tenue dans les locaux de l’ambassade de Madagascar à Paris.
Une offensive de charme pendant laquelle deux membres du gouvernement, en l’occurrence, la ministre de l’Economie et des Finances Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, et le ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation Edgard Razafindravahy ont tenu à rappeler que l’organisation et les réglementations sont destinées, entre autres à protéger les intérêts des planteurs qui sont à la base de la filière vanille.
Minimum décent
À commencer par l’application du prix minimum de 75 000 ariary le kilo pour la vanille, décidé par arrêté ministériel, et que le gouvernement tâchera d’appliquer pour la campagne de vanille verte qui s’ouvrira le 7 juillet. « Un minimum décent » selon les explications du ministre Edgard Razafindravahy car cela représente pour chaque planteur un revenu de 167 USD par mois. Un prix auquel on ne peut pas descendre sous peine d’injustice. « Ce prix a été fixé à 75 000 ariary le kilo (soit moins de 20 USD). Avec ce prix et en prenant comme hypothèse une production de 100 kg par paysan, cela ferait un revenu annuel de 2 000 USD soit 167 USD par mois. Que représentent 167 USD par mois ? C’est 5,5 USD par jour soit à peine 3 fois le seuil de pauvreté absolu fixé par la Banque mondiale. Vous conviendrez avec moi qu’il ne serait pas acceptable d’aller en dessous d’un tel niveau.
C’est pourquoi le gouvernement malgache, sur proposition du Conseil national de la vanille, a décidé de fixer cette année par arrêté ministériel un prix minimal d’achat de la vanille verte à 75 000 ariary le kilo. C’est une question d’équité. La juste répartition de la valeur est au cœur de notre démarche », a expliqué le ministre qui va mettre en œuvre tous les moyens pour le faire appliquer. « L’application du prix sera surveillée de près, dès le début de la campagne par une cinquantaine de commissaires de commerce présents au sein des marchés contrôlés. L’appui des autorités locales, décentralisées, sera également sollicité. Les opérations seront enregistrées, et le respect de ce prix figurera parmi les critères d’octroi des agréments d’exportation ».
Sanctions
Le prix minimum de 250 USD le kilo à l’exportation était également au centre des débats à Paris. Un prix minimum fixé par arrêté et dont le non-respect est une fraude passible de sanctions. « Je reconnais que l’application des 250 USD durant la dernière campagne n’a pas entièrement été respectée, mais nous en connaissons maintenant les mécanismes », selon toujours le ministre en charge du Commerce qui a cité, entre autres, les échappatoires de certains exportateurs : « un système de double facturation ; un système de compensation de la différence de prix ; la fausse déclaration auprès des douaniers ». Pour mettre un terme à ces irrégularités, l’Etat mettra en place les dispositions nécessaires. À savoir : limiter le nombre de ports pour un meilleur contrôle des sorties, renforcer les équipes de douanes en ressources humaines,équiper la douane d’outils de surveillance et de contrôle. Le Conseil national de la vanille qui sera doté d’un budget annuel de 10 millions USD contribuera à la formation des ressources humaines et au financement des équipements de surveillance. Enfin, un travail d’enquête approfondie sera réalisé avec les services fiscaux étrangers, aux États-Unis et en Europe, afin de vérifier les déclarations des exportateurs.
Des sanctions sévères seront appliquées aux contrevenants. Les sociétés qui utilisent les manœuvres frauduleuses feront l’objet d’une enquête approfondie, avec le soutien des autorités européennes et américaines. Les exportateurs fautifs seront sanctionnés, et blacklistés, avec un refus d’octroi d’agrément. Les sociétés importatrices frauduleuses seront également blacklistées.
R.Edmond.