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mardi, mai 13, 2025
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Filière vanille : Risque de chute vertigineuse des prix

Un surstock de vanille est constaté à Madagascar.

Les acteurs opérant dans la filière vanille qualifiée par l’Etat de secteur stratégique, tirent la sonnette d’alarme. 

En effet, un grand danger plane sur Madagascar avec un risque de chute vertigineuse des prix de ce produit faisant la renommée de la Grande île, selon leurs dires. D’aucuns se souviennent de l’envolée du prix de la vanille de 24 USD/kg à 280 USD/kg puis 350 USD/kg jusqu’à 500 USD/kg, il y a quelques années. Puis, cela est tombé brusquement entre 40 et 50 USD/kg. Le même phénomène se prépare dans les mois qui viennent, a-t-on révélé. Le ministère en charge du Commerce doit ainsi prendre de toute urgence , des mesures pour laisser évoluer le marché suivant le contexte actuel. Autrement, le surstock sera brutal pour l’économie du pays, d’après toujours leurs explications.

Stocks invendus. En fait, les opérateurs disposent encore en stock une partie de la campagne de collecte en 2018. Et l’an dernier, près de 60% de stocks sont invendus. Cependant, une récolte précoce de la vanille s’annonce à partir de mai ou juin de cette année, a-t-on appris. Dans la foulée, les pays concurrents tels que la Guinée Papouasie, le Vietnam et l’Ouganda, sont présents sur le marché international en cassant les cours de la vanille. Et des vanilles sous serre sont en cours de floraison en Asie et en Europe. A ce stade, on s’achemine vers un cours de 150 à 200 USD/kg, rendant une situation difficile des opérateurs qui peuvent perdre jusqu’à 300 USD/kg. Sur le plan national, le prix de la vanille préparée tourne autour de 1 200 000 Ar/kg, depuis deux ans. Cela diminue actuellement entre 600 000 et 800 000 Ar/kg, et pourrait aller jusqu’à 400 000 Ar/kg, dans les jours qui viennent, a-t-on évoqué.

Réguler le marché. Pour éviter cette catastrophe, il faut un réveil en sursaut de  la part des responsables à tous les niveaux pour réguler le marché. Tout d’abord,  le ministère de tutelle doit être rigoureux  en réglementant la période de campagne de collecte de vanille. En outre, la date d’exportation de ce produit doit débuter le mois de décembre, tandis que la période de fermeture doit être prévue le 31 mai de  chaque année, et ce, dans le but de mieux fluidifier le marché, suggèrent les opérateurs. Les industriels pourront de ce fait, assainir leurs stocks avant que les pays concurrents ne se positionnent sur le marché. Ce qui empêchera entre temps, les vols de vanille. A part cela, les acheteurs sont également tenus responsables de cette déstabilisation des prix de la vanille, dénoncent les acteurs de la filière. En effet, ils avaient soutenu les prix faramineux de ce produit très prisé sur le marché international. Ils acceptent de recevoir des produits quelque soit leur qualité. « Ces acheteurs doivent ainsi trouver une solution pour réguler le marché s’ils veulent vraiment défendre et prioriser la vanille naturelle par rapport à l’artificiel », ont-ils enchaîné.

Étrangers opportunistes. D’autres acteurs économiques soulèvent que, le blanchiment d’argent effectué par des opérateurs de bois de rose dans la filière et bien d’autres secteurs tels que l’immobilier et le transport, a en même temps contribué à cette déstabilisation des prix de la vanille à Analanjirofo et dans la SAVA, et ce, en toute impunité. En outre, des gros collecteurs offrent via facebook des prix défiant les potentiels acheteurs internationaux. En effet, ils opèrent dans l’informel sans disposer de magasins de stockage mais, ils achètent la vanille dans des hôtels ou appartements loués pour exporter. Ces personnes malintentionnées sont notamment des ressortissants mauriciens, indiens, africains et chinois, qui viennent à Madagascar avec un visa touristique et deviennent après des opérateurs, a-t-on appris. Ils disparaissent ensuite dans la nature pour revenir plus tard sous d’autres noms. En fait, ces ressortissants étrangers opportunistes se marient avec des femmes malgaches pour avoir un visa long séjour. Soit, ils créent une société auprès de l’EDBM (Economic Development Board of Madagascar), soit ils s’abritent dans une société qui a déjà un agrément pour pouvoir exporter de la vanille. Après trois ans d’exercice, ils changent de nom pour pouvoir effacer la trace fiscale tout en échappant au rapatriement de devises, a-t-on révélé.

Agréments. Comme mesure urgente, l’Etat via la direction des Impôts, doit imposer une caution minimum de 50 millions Ar avant de délivrer un agrément aux nouveaux exportateurs de vanille afin de protéger le régime fiscal. Plus précisément, il faut revoir l’octroi des agréments des exportateurs de vanille en émettant certains critères, afin de bien identifier les vrais et les faux opérateurs dans la filière. En outre, une législation fiscale très exigeante sur la qualité des exportateurs et non pas uniquement sur la valeur des taxes à payer s’impose, à part le renforcement du contrôle des gros collecteurs qui échappent au fisc. Cette législation fiscale ne vise pas ainsi à pénaliser les exportateurs formels, mais à sanctionner les opportunistes qui ne possèdent même pas d’infrastructure de stockage, et n’assurent pas la traçabilité de la vanille.

« Quick curing ». Par ailleurs, les acteurs de la filière dénoncent qu’aucun contrôle n’a eu lieu sur la production des matières transformées en extrait. Des unités de « Quick Curing » qui accélèrent le processus de préparation de la vanille verte, sont installées un peu partout. Des gousses épuisées sont ainsi traitées dans le processus avec un mélange de vanille artificielle. Ce qui perturbe le marché.  Il faut ainsi développer l’artisanat local pour une meilleure présentation de gousses de vanille en ouvrant le marché des vanilles tressées pour les cadeaux, entre autres. En tout, pour réorganiser la filière, les acteurs de la filière réclament la liquidation coûte que coûte des stocks de Madagascar, avant que les autres pays ne se positionnent sur le marché, l’élimination des opportunistes et la facilitation des procédures administratives. De son côté, le ministère de tutelle prévoit de mettre en place prochainement, un Conseil National de la Vanille qui regroupe les ministères concernés, le secteur privé et les acheteurs, pour réguler ce secteur stratégique.

Navalona R.

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