
Avec les taux d’intérêt élevés pour le secteur privé et les conditionnalités des institutions de Bretton Woods contraignantes pour l’Etat, la création d’un marché financier local est une bonne alternative, selon les experts financiers de FinAfrique.
Une forte volonté de mettre en place un marché financier local est constatée depuis l’année dernière à Madagascar, au niveau de l’Etat et du secteur privé, selon Fabrice Kom Tchuente, directeur exécutif de FinAfrique. « Madagascar travaille beaucoup avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Face aux problématiques de la dette, il y a pourtant opportunité de créer un marché financier pour gérer la dette à partir de ce marché. Ce sera une opportunité pour l’Etat de drainer les épargnes locales. Il y a aussi les Eurobond qui permettent de faire appel à des fonds privés de l’extérieur, en dollars US ou en Euros. Le but c’est de ne plus être assujettis aux principes de conditionnalités des bailleurs de fonds, car Madagascar a ses priorités et les bailleurs ont les leurs », a indiqué l’expert de FinAfrique. A noter que cet organisme a déjà organisé un séminaire sur le marché financier, la notation financière et le marché obligataire en décembre 2015. Une deuxième session s’est tenue cette semaine au Colbert Antaninarenina avec 22 participants malgaches issus du Trésor Public, de la Banque Centrale, du FPP (Fonds de portage et de privatisation), etc. Cette formation se porte sur mécanisme du marché financier, c’est-à-dire les structures et les organes qui le constituent ; la notation financière permettant d’évaluer les risques par des indicateurs et le marché obligataire.
Contexte local. Pour mettre en place le marché financier, il faut prendre en compte les caractéristiques économiques, sociales et culturelles, d’après Cédric Djoukam, expert du marché obligataire international, au sein de FinAfrique. D’après ses explications, l’Etat « Malagasy » émet des bons de trésor, mais ces instruments ne sont qu’à court terme et ne peuvent donc pas financer des projets à long terme, telle la construction d’infrastructures. Et pourtant un emprunt obligataire peut aller jusqu’à 5 ou 7 ans. De plus, il est accessible aux petits épargnants, à l’exemple des petits épiciers. « Par rapport aux autres pays francophones de la région Afrique Subsaharienne, Madagascar a un peu de retard dans la mise en place du marché financier. L’Afrique de l’Ouest a déjà le marché financier primaire et secondaire qui fonctionne bien. L’Afrique centrale a deux bourses, celle du Cameroun et celle du Gabon, mais cette dualité cause un conflit et rend le marché inefficace. Plusieurs pays d’Afrique émettent déjà des Eurobond pour construire leurs infrastructures ou pour restructurer leurs dettes. Aujourd’hui, Madagascar veut avancer si l’on croit à ces participants au séminaire », a affirmé Cédric Djoukam. En effet, FinAfrique a indiqué les conditions et le processus pour la création d’une bourse de valeur à Madagascar. Certes, un marché financier local changera, non seulement le secteur financier, mais également l’économie malgache, au niveau microéconomique et macroéconomique.
Antsa R.