Le coût de l’intervention chirurgicale de la fistule obstétricale n’est pas à la portée de toutes les femmes. C’est dans cette optique qu’une campagne de réparation gratuite de femmes fistuleuses se tiendra au pavillon Sainte-Fleur à partir de la semaine prochaine.
La maladie de la honte ronge silencieusement beaucoup de femmes à Madagascar. Mis à part le coût qui est estimé dans les 2 millions d’ariary, bon nombre de femmes fistuleuses vivent comme des lépreuses, rejetées et qui s’estiment complètement exclues de la société. « Selon une étude éffectuée sur le coût de la prise en charge de la fistule obstétricale, il s’élève à 2 millions d’ariary pour une femme. Cette somme inclut, entre autres, les médicaments, les consommables, le transport et bien d’autres. La fistule obstétricale peut être considérée comme une pathologie des femmes pauvres. Ces dernières vivent souvent dans des zones rurales et n’ont pas accès aux soins ni aux structures de santé. Par conséquent, elles ne peuvent pas bénéficier d’une césarienne. La pauvreté d’un pays peut être évaluée à partir du nombre de cas de fistules », selon le Pr Yoel Rantomalala, chirurgien urologue. La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin, la vessie ou le rectum. Dans la plupart des cas, elle survient lors d’un accouchement difficile prolongé. Les femmes qui présentent cette affection souffrent d’une incontinence permanente. Elles perdent des urines ou des selles et en ressentent de la honte, d’où son appellation « la maladie de la honte ».
Réinsertion
Pour permettre aux personnes atteintes de reprendre leur place au sein de la société, une campagne de réparation des femmes victimes de fistule obstétricale se déroule au pavillon Sainte-Fleur Anosy du 8 au 18 mai. 25 femmes âgées entre 16 et 50 ans, en provenance des cinq régions dont Analamanga, Vatovavy, Fitovinany, Vakinankaratra et Bongolava, en seront les bénéficiaires. Cette campagne s’inscrit dans le cadre de la coopération entre le ministère de la Santé publique, l’UNFPA, le royaume de Norvège, l’Ordre de Malte et l’Opération Fistula. « Le pavillon Sainte-Fleur assure la mise à disposition des infrastructures, des blocs et des chambres d’hospitalisation puisque ces femmes sont accueillies ici pendant quinze jours pour être soignées, opérées et suivies après l’opération. Une fois que nous sommes certains que leurs conditions physique et mentale sont suffisamment bonnes, nous laissons ces femmes rentrer chez elles », précise, à son tour, Philippe de Lepinau, le directeur de cet établissement hospitalier.
Narindra Rakotobe