
A Madagascar, 4 000 femmes sont atteintes de fistule obstétricale chaque année. La majorité d’entre elles ont entre 15 et 19 ans.
Une campagne de trois semaines en faveur de l’élimination de la fistule obstétricale, a été lancée à Sambava avant-hier, afin de sortir les femmes souffrant de fistule obstétricale, de la situation d’isolement et de honte dans laquelle elles se retrouvent. En effet, cette atteinte vésico-génitale, terriblement invalidante et fortement préjudiciable pour les femmes qui en sont victimes, les isole de leur entourage et même de leur propre famille, et les plonge dans une extrême détresse psychologique et sociale. Cette campagne vise alors à obtenir davantage de ressources pour le traitement de la fistule, mais aussi à lutter contre la stigmatisation des femmes souffrant de cette maladie. «Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est pour montrer aux femmes victimes de fistules, qu’elles ne sont plus seules, qu’elles ne sont plus invisibles et que nous prenons en compte la gravité de ce problème, qui chaque année brise plusieurs milliers de vies et de familles », a déclaré Mamadou DICKO, représentant résident de l’UNFPA à Madagascar, à l’occasion du lancement de la campagne à Sambava.
Invalidante. La fistule obstétricale résulte d’un travail prolongé et difficile, sans opération césarienne pratiquée au moment opportun. Le fœtus exerce alors une pression excessive sur les organes internes tels le vagin, la vessie et le rectum, endommageant les tissus de la femme. Dans la plupart des cas, le bébé meurt. La femme souffre d’incontinence sévère qui conduit à des ulcères, des infections et parfois même à la mort. Cette maladie invalidante est souvent dissimulée, parce qu’elle touche les membres les plus marginalisés de la société en l’occurrence les jeunes femmes pauvres vivant dans les zones rurales et enclavées, alors qu’elle n’existe quasiment plus dans les pays industrialisés. Chaque année, il existe entre 50 000 et 100 000 nouveaux cas mais seulement 10 000 femmes dans le monde ont accès à la chirurgie réparatrice. A Madagascar, plus de 50 000 femmes et de jeunes filles concernées par la fistule obstétricale sont en attente de chirurgie réparatrice.
Prise en charge. Il y a quelques mois, en mars, avril et mai derniers, une campagne de réparation de fistule obstétricale a eu lieu au centre hospitalier régional de Sambava, durant laquelle six équipes chirurgicales ont été formées à la prise en charge de cette maladie et 40 femmes ont été traitées. Afin de réduire la liste d’attente de chirurgie des femmes victimes de cette maladie, le ministère de la Santé en partenariat avec l’organisation MERCYSHIPS et avec l’appui de l’UNFPA, prend en charge 450 femmes victimes de fistule obstétricale provenant des 22 régions de Madagascar. Cette prise en charge se déroule en deux phases dont la première a eu lieu en mars 2015 où 80 femmes ont été opérées, tandis que la seconde phase aura lieu entre août 2015 et juin 2016. A Madagascar, quatre hôpitaux publics (Sambava, Ifanadiana, Mananjary et le CHU JRA à Antananarivo) et quatre confessionnels (Ejeda, Vangaindrano, Manambaro et la fondation médicale Ampasimanjeva (FMA)) ont la capacité technique d’opérer la fistule obstétricale. Après leur opération, les femmes intègrent des projets de réinsertion socio-économique leur permettant de devenir autonomes.
Soutien nutritionnel. Depuis la première campagne nationale en 2011 pour lutter contre la fistule, un millier de femmes ont pu être guéries en bénéficiant d’une chirurgie réparatrice. Par ailleurs, une quinzaine de chirurgiens malgaches ont été formés par des experts internationaux. Le partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) permet de fournir un appui nutritionnel spécifique aux bénéficiaires, ainsi qu’une ration familiale pour le ménage durant les 20 jours d’hospitalisation. Cet appui encourage les patientes à se rendre à l’hôpital et contribue à une récupération et une cicatrisation rapide. Les vivres destinés aux familles des patientes aident à soutenir le ménage pendant l’absence de la femme de la maison. Le PAM fournira lors de la campagne actuellement en cours, 30 tonnes de vivres incluant du riz, des haricots et de l’huile enrichie en Vitamine A.
Hanitra R.