Entre 200 000 ariary et 300 000 ariary. C’est le budget nécessaire aux parents d’élèves pour financer la rentrée scolaire pour un seul enfant. Cette somme comprend les frais généraux et l’achat des fournitures. Pour les familles nombreuses, le budget réservé à la prochaine rentrée scolaire peut atteindre jusqu’à 1 million d’ariary. Une dépense insupportable pour les raiamandreny qui sont obligés de faire l’impossible et l’inimaginable, quitte à s’endetter pour éviter que leurs enfants ne soient victimes d’abandon scolaire. Actuellement, un paquet de cahiers de 200 pages de 5 pièces s’achète entre 11 000 et 12 000 ariary contre 9 000 ariary l’année dernière. Certes, avec la gratuité de l’enseignement au niveau des écoles publiques, ce budget peut diminuer. Mais force est de reconnaître que l’accès aux EPPs et aux CEGs n’est pas donné à tout le monde car la capacité d’accueil y est limitée.
Produit de luxe. Actuellement, toutes les couches sociales sont victimes et se plaignent par rapport à la hausse incessante du coût de la vie. La flambée des prix concerne les produits de première nécessité, notamment le riz dont le kilo s’achète désormais entre 2 200 et 2 300 ariary du côté du marché d’Anosibe. Le prix est de 2 700 ariary chez les détaillants. Alors que nous ne sommes même pas encore actuellement en période de soudure. Depuis l’année dernière, le prix du riz qui est pourtant l’aliment de base des Malgaches n’a cessé d’augmenter. Et ce, malgré la création de la Société State Procurement of Madagascar dont la mission principale est de réguler la fluctuation des prix des PPN. Cette société d’Etat est pourtant déjà opérationnelle depuis le mois de décembre 2019. Par ailleurs, les cris de détresse des ménages se font aussi entendre par rapport à d’autres produits tels que l’huile alimentaire dont le litre s’achète actuellement à 10 000 ariary contre 6 500 ariary au mois de janvier dernier ; le sucre est à 3 500 voire 4 000 ariary le kg contre 2 800 ou 3 000 ariary auparavant ; le poulet de chair est à 13 000 ariary le kg contre 9 000 à 10 000 ariary en 2020 et les œufs sont à 650 ariary l’unité contre 400 à 500 ariary auparavant. Tous les PPN sont concernés par cette hausse des prix. Les ménages se plaignent même concernant le prix du charbon de bois qui commence à devenir un produit de luxe. Le prix d’un sac de charbon varie désormais entre 27 000 et 45 000 ariary, contre 20 000 ariary en 2020.
Vote sanction. Aux yeux des observateurs, les autorités responsables semblent impuissantes et sont incapables de proposer des solutions concrètes. Le lancement, l’année dernière, de l’« uniformisation des kapoaka » ou « kapoaka manara-penitra » par le ministère du Commerce a fait le buzz. En tout cas, l’initiative n’était pas efficace pour résoudre les problèmes de la hausse des prix du riz. Face aux cris de détresse de la population, le ministère de tutelle et les responsables au sein de la Société State Procurement of Madagascar préfèrent jouer la politique du silence. Pourtant, cette flambée des prix non maîtrisée risque de ternir l’image du régime et pourrait gâcher voire cacher et/ou effacer la réalisation de plusieurs infrastructures telles que les EPPs, les CEGs, les buildings, les trano mora, la RN44, la route Ambilobe – Vohémar, le Stade Barea, les nombreuses directions régionales de la Police nationale et les maisons de la Communication et de la Culture à travers l’Île, ainsi que tous les stades et gymnases manara-penitra. L’expérience dans d’autres pays tels que le Brésil et le Chili démontre que les problèmes sociaux provoquent toujours des crises politiques. Une population affamée est toujours facilement manipulable politiquement. En effet, cette flambée des prix représente l’ennemi numéro Un du régime Rajoelina. Un adversaire que le clan Orange doit réussir à combattre avant les échéances électorales de 2023. Bon nombre d’observateurs estiment que le HVM qui n’a obtenu que 8 % des voix en 2018 même s’il était au pouvoir, et le TIM qui, à l’allure où vont les choses, se présenteront aux urnes en ordre dispersé, ne feront pas le poids contre Andry Rajoelina qui briguera un second mandat. Mais une réélection ne constitue point une évidence si les électeurs malgaches vivent dans la famine et dans la pauvreté. Le scrutin de 2023 risquerait d’être un vote sanction. En attendant, le régime dispose de deux ans pour rectifier le tir.
Davis R





