
Les parents d’élèves de divers quartiers d’Antananarivo et des périphéries ont été pris de panique, hier. La raison en est la propagation de rumeurs sur des équipes médicales accompagnées d’éléments des forces de l’ordre qui viennent dans les établissements scolaires pour administrer aux élèves, de gré ou de force, un vaccin contre la peste.
On parle alors de véhicule 4×4, de personnes en blouse blanche accompagnées d’éléments de l’EMMO-REG, d’enfants vaccinés de force et qui se seraient évanouis tandis que d’autres en seraient même morts ! Ces rumeurs ont été aussitôt démenties par le ministre de la Santé, intervenu sur les ondes et dans plusieurs autres médias, hier : « Tout ceci n’est que rumeurs et rien de tout ce qui se propage en ce moment n’est vrai. Il n’y a pas de vaccin contre la peste à Madagascar et le ministère n’a dépêché aucune équipe médicale pour vacciner des enfants à l’école. Si des individus prétendant être mandatés par le ministère de la Santé venaient à se manifester auprès des établissements scolaires pour vacciner des enfants, il faut immédiatement le signaler auprès des autorités pour que celles-ci prennent aussitôt des mesures en vue de les arrêter », a affirmé le ministre de la Santé publique Mamy Lalatiana Andriamanarivo. Déclarations réitérées dans un communiqué adressé à toutes les rédactions. Outre le ministère de la Santé publique, la direction régionale de l’éducation nationale, la préfecture de police, les forces de l’ordre, ont tous démenti ces rumeurs qu’ils associent à un acte de déstabilisation.
Toamasina. Des rumeurs similaires se sont déjà propagées il y a quelques semaines à Toamasina, ayant été à l’origine d’un vent de panique chez de nombreux Tamataviens. Des personnes totalement étrangères à cette affaire ont même été violentées, victimes de justice populaire. Par ailleurs, les activités de suivi de contact et autres actions en vue de freiner la propagation de la peste, ont dû être interrompues pendant deux jours, avec des conséquences fort dommageables.
A Antananarivo, le même « mode opératoire » a visiblement, et malheureusement, mieux marché. Amplifiées par les réseaux sociaux et le bouche à oreille, les rumeurs se sont propagées à la vitesse grand V, si bien que les parents d’élèves, pris de panique, se sont rués vers les écoles, collèges et même les lycées où sont scolarisés leurs enfants. Il fallait les chercher coûte que coûte, même si l’heure de la sortie n’a pas encore sonné. Dans certaines localités, ils en sont arrivés à forcer le passage en voyant les portails des établissements, fermés. Une situation qui a failli tourner à l’émeute. « Il n’est pas question qu’on pique mon enfant sans mon consentement, et même si une autorisation m’avait été demandée, je ne l’aurais jamais donnée », s’emporte cette mère de famille entendue sur une station radio, hier après-midi. Des propos similaires ont été entendus un peu partout. Pourtant, en poussant l’investigation un peu plus loin, on se rend compte qu’il n’y a aucune trace d’enfants décédés à la suite d’une injection effectuée à l’école par des personnels de santé.
Mettre fin à l’intox. De Nanisana à Ambohipo en passant par Alakamisy Ampitatafika, Faliarivo, Itaosy, Isotry, 67ha, Ankadindramamy, et bien d’autres quartiers, et même jusqu’à Miarinarivo, le tout Tanà, les périphéries et quelques régions voisines, ont vécu la journée d’hier dans une atmosphère de panique. Faits qui ne devraient plus se reproduire si l’on en croit les déclarations des forces de l’ordre lors d’une conférence de presse, hier : « Des éléments des forces de l’ordre, déployées dès ce soir (ndlr, hier soir) pour mettre fin à l’intox, seront également postés aux abords des établissements scolaires pour assurer la sécurité des élèves ». A souligner, enfin, que d’après le ministère de la Santé publique, le pays s’approche actuellement de la fin de l’épidémie de peste. Selon les dernières informations fournies par le BNGRC le soir du 8 novembre 2017, 35 personnes sont soignées dans les centres de traitement de la peste, sur l’ensemble du territoire. Actuellement, 7000 personnes ayant été en contact avec des malades de la peste doivent terminer leur traitement prophylactique. Depuis le début de l’épidémie, début août, 1136 personnes soignées dans les centres de traitement, sont guéries.
Hanitra R.